Gorette bleue

Haemulon sciurus | (Shaw, 1803)

N° 2517

Atlantique tropical Ouest

Clé d'identification

Adulte :
Corps haut, de forme ovale, comprimé latéralement
Tête pentue au profil légèrement arqué
Rayures horizontales bleues sur corps jaune d'or
Ligne bleue en arc de cercle sous l'œil
Pectorales, anale, partie épineuse de la nageoire dorsale jaune foncé
Caudale et partie souple de la dorsale noirâtres bordées de jaune
Caudale légèrement fourchue

Juvénile :
Corps argenté
Tache foncée sur le pédoncule caudal
Larges rayures longitudinales marron
Longue rayure sombre au-dessus de l'œil

Noms

Autres noms communs français

Gorette catire, grogneur-écureuil, grogneur à lignes bleues, gorette à lignes bleues, gueule rouge, sarde jaune (également nom commun de Lutjanus apodus)

Noms communs internationaux

Blue striped grunt, boar grunt, golden grunt, humpback grunt, redmouth grunt, and yellow grunt (GB), Blaustrei∫en-Grunzer (D) Jeniguano rayado, corocoro pato, ronco catire, chacchi amarillo, cachita, boca colorada, ronco amarillo, bocayate amarillo (E), Blauwstreeep grommer (NL), Grons, brons, koorkoor, korko, korkor, robeki oromani (Papiamento : langue créole des Antilles néerlandaises), Abiquara, biquara, biquara-do-raso, boca-de-fogo, cambuba, capiuna, uribaco, xira, xira amarela (P)

Synonymes du nom scientifique actuel

Anthias formosus Bloch, 1792
Sparus sciurus Shaw, 1803
Haemulon formosus Castelnau, 1855
Haemulon similis Castelnau, 1855
Haemulon luteum Poey, 1860
Haemulon multilineatum Poey, 1860
Haemylum elegans (Scudder 1863)
Haemulum elegans (Cope 1871)
Haemulum luteum Cope, 1871

Distribution géographique

Atlantique tropical Ouest

Zones DORIS : ● Caraïbes

La gorette bleue se rencontre dans les eaux tropicales de la zone ouest de l’océan Atlantique qui va de la Floride (USA) jusqu’aux côtes du Brésil en passant par l'Amérique centrale et les grandes et petites Antilles. Elle est plus rare dans le golfe du Mexique, aux Bermudes et au nord de la Caroline du Sud (USA).

Biotope

La gorette bleue vit en bancs de plus ou moins grande taille, depuis la surface jusqu’à quarante mètres de profondeur. On la rencontre fréquemment dans les eaux de faible profondeur, entre 3 m et 12 m, à proximité des récifs coralliens et des fonds rocheux, dans les mangroves et les herbiers. Les adultes restent fidèles aux sites qu'ils fréquentent selon un cycle nycthéméral* : la journée ils se reposent auprès des récifs, et se nourrissent la nuit dans des herbiers situés à proximité.

Les adultes de grande taille sont plus abondants autour des récifs et des blocs rocheux, alors que les juvéniles fréquentent les eaux peu profondes des mangroves et des herbiers d'herbe à tortue (Thalassia testudinum).

Description

La gorette bleue est un poisson au corps haut, de forme ovale, comprimé latéralement, à la tête pentue au profil légèrement arqué.

Il est de taille moyenne d'une vingtaine de centimètres, pour une longueur maximale de quarante-six centimètres. Son poids maximum est de 750 g.

Le corps jaune d'or est traversé de fines rayures horizontales bleues. Les rayures sont parallèles à la ligne latérale* et vont de la tête à la queue. Une ligne bleue dessine un arc de cercle sous l'œil.

Les nageoires pectorales, anale ainsi que la partie épineuse de la nageoire dorsale sont jaune foncé. La nageoire caudale et la partie souple de la nageoire dorsale sont noirâtres bordées de jaune. La nageoire caudale est bifide*.

La bouche est largement fendue, la mâchoire supérieure s'arrêtant au niveau du milieu de l'œil. Par ailleurs, même si cela est rarement visible en plongée, l'intérieur de la bouche est rouge sang.


Les juvéniles, gris argenté, possèdent une tache foncée sur le pédoncule caudal et de larges rayures longitudinales marron qui s'estompent avec l'âge. Une longue rayure sombre au-dessus de l’œil, placée entre deux rayures horizontales sombres, caractérise les juvéniles de cette espèce.

Espèces ressemblantes

On identifie les gorettes par la couleur de la robe et des nageoires, l'agencement des bandes sur le corps et la présence ou non d'une tache sur la caudale. Les gorettes adultes présentent des caractéristiques qui permettent de les identifier facilement. Néanmoins, les espèces les plus proches pouvant prêter à confusion sont :

  • la gorette blanche, Haemulon plumieri, a la même silhouette, mais des rayures bleues seulement sur la tête. Le reste du corps possède des motifs quadrillés jaunes et bleus mais pas de lignes horizontales.
  • la gorette jaune, Haemulon flavolineatum, peut prêter à confusion avec sa robe jaune et argent qui peut paraître bleutée sous certains éclairages. Réciproquement, les rayures bleues de H. sciurus peuvent apparaître argentées. Cependant, les rayures de H. flavolineatum sont diagonales et non horizontales.
  • la gorette Ti-bouch, Haemulon chrysargyreum, est de forme plus cylindrique, et les rayures sont jaunes sur un fond argenté.
    Mais ces trois espèces ont les nageoires jaune vif, ce qui les différencie à coup sûr de la gorette bleue. En effet la tache noire sur la caudale et sur la partie souple de la dorsale de la gorette bleue, est un critère de différenciation bien visible en plongée.
  • La gorette charbonnée, Haemulon carbonarium, a des rayures horizontales jaunes sur un fond bleuté. Ses nageoires sont gris foncé, non margées de clair.

En revanche, la reconnaissance et l’identification des différentes espèces de gorettes juvéniles sont beaucoup plus difficiles et subtiles. Human et Deloach les identifient toujours par le nombre et la largeur des rayures. Seule la longueur de la rayure sombre au-dessus de l'œil différencie les juvéniles de la gorette bleue avec ceux de la gorette jaune, Haemulon flavolineatum, ce qui reste difficile à déterminer sur un poisson juvénile de 3 à 5 cm de long.

Alimentation

La gorette bleue est un poisson carnivore qui chasse en solitaire la nuit dans l'herbier et les mangroves, se nourrissant essentiellement de petits crustacés (crabes, crevettes), de mollusques, de vers marins, et occasionnellement de petits poissons. Elle affectionne également les pontes des demoiselles.

Reproduction - Multiplication

Haemulon sciurus se reproduit de préférence dans l’herbier sous-marin ou dans la mangrove. On connaît peu le comportement de ponte de cette espèce.

Les gorettes bleues juvéniles (d’une taille de 9 à 17 mm) se développent rapidement en croissant d’environ 0,50 mm par jour.

Vie associée

Haemulon sciurus est une espèce grégaire qui, en journée, forme des bancs de grande taille le long des tombants, avec d'autres espèces d'Haemulidés comme par exemple la gorette jaune (Haemulon flavolineatum), la gorette dorée (Haemulon aurolineatum), le gorette Ti-bouch (Haemulon chrysargyreum), le lippu rondeau (Anisotremus virginicus), la gorette marchand (Haemulon parra). Les bancs ainsi formés peuvent compter plus de 1000 individus.

Les gorettes bleues sont parasitées par des ectoparasites, en particulier Encotyllabe spari.

On peut les observer dans des stations de nettoyage, ouvrant la bouche afin de se faire nettoyer par des juvéniles d'Anisotremus virginicus.

Les prédateurs des gorettes sont des grands piscivores*, tels les requins et les mérous.

Divers biologie

La gorette bleue est comestible et vendue sur le marché. Mais ce commerce est peu important. Par ailleurs la gorette bleue peut être touchée par la ciguatera*.

Les juvéniles sont recherchés par les aquarophiles.

Le nom vernaculaire "grogneur" fait référence aux sons ou grognements produits par le frottement des dents pharyngiennes localisées dans la gorge. Ces bruits sont amplifiés par la vessie natatoire dans les moments de stress ou de combat. Les canines sont absentes.

La durée de vie maximale de la gorette bleue est d’une douzaine d’années.

La nageoire dorsale est constituée de 12 rayons épineux et de 16 à 17 rayons mous. La nageoire anale a 3 rayons épineux et 9 rayons mous.

Informations complémentaires

Des études menées sur les côtes de l'île de Curaçao (Petites Antilles) ont comparé la distribution de plusieurs espèces de poissons des récifs coralliens qui fréquentent les herbiers et les mangroves, notamment au stade juvénile. Certaines espèces sont plus abondantes sur les récifs situés à proximité des herbiers et mangroves, d'autres non. Haemulon sciurus fait partie de la première catégorie avec notamment Lutjanus apodus, Ocyurus chrysurus, Scarus coeruleus, Lutjanus analis, Lutjanus mahogoni et Sphyraena barracuda. Cela suggère que ces espèces sont fortement dépendantes de la présence de baies comportant à la fois des récifs coralliens ainsi que des herbiers et des mangroves servant de nurserie.

La gorette bleue se montre farouche face au plongeur dont l'arrivée fait fuir les bancs. Reste à s'armer de patience pour l'observer.

Les gorettes bleues ont été observées se faisant face et se repoussant avec la bouche grande ouverte. La raison de ce comportement est inconnue. Elle est peut-être liée à la période de parade pour la reproduction ou bien à la défense d'un territoire.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Cette espèce, étroitement associée aux habitats des récifs coralliens, zones rocheuses et herbiers, peut être affectée par les menaces pesant sur ces habitats, dues notamment aux changements climatiques et à la pollution. Elle peut être prélevée dans le cadre de pêches artisanales ou de loisir, ou être prise dans les mailles de filets lorsqu'elle compose un banc avec d'autres espèces. Elle ne bénéficie pas de mesure spécifique, néanmoins elle est prise en compte avec d'autres espèces dans des plans locaux de gestion. Globalement dans sa zone de distribution, elle n'est pas considérée (à ce jour en 2017) comme étant menacée, et est classée par l'UICN dans la catégorie des espèces en "préoccupation mineure" (Least Concern).

Origine des noms

Origine du nom français

Gorette : féminin de goret de l'ancien français « gore » qui veut dire « truie ». Porc, grogneur, gorette font référence aux bruits de frottement des dents pharyngiennes de ces poissons. La vessie natatoire amplifie ce son assimilable a un grognement.

bleue : précise la couleur des rayures horizontales.

Origine du nom scientifique

Haemulon : du grec ancien [haem] = sanglant et du grec [oulon] = gencive. Ce mot désignerait la gueule rouge, caractéristique de cette famille.

sciurus : du grec ancien [skiouros] = écureuil, composé du grec [skia] = ombre, et [oura] = queue, c'est-à-dire dont la queue fait de l'ombre. Grogneur-écureuil est l'un des nombreux noms communs de cette espèce.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 275733

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Super ordre Acanthopterygii Acanthoptérygiens Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Sous-ordre Percoidei Percoïdes Une ou deux nageoires dorsales dont les éléments antérieurs sont des épines aiguës. Nageoires pelviennes avec une épine, rayons mous.
Famille Haemulidae Haemulidés
Genre Haemulon
Espèce sciurus

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