Perroquet à cinq selles

Scarus scaber | Valenciennes, 1840

N° 3292

Mer Rouge et océan Indien

Clé d'identification

Phase terminale :
Corps relativement fuselé et modérément comprimé latéralement
Zone bleu foncé à gris acier ou olivâtre en partie antéro-supérieure du corps
Bande horizontale turquoise de la pointe du museau à l'opercule en passant sous l'œil
Deux-tiers supérieurs du corps bleus à vert jaunissant
Bord des écailles rose

Phase initiale :
Moitié supérieure du corps gris acier, moitié inférieure blanchâtre à beige rosé
Quatre à cinq selles dorsales (parfois moins) légèrement obliques blanchâtres à jaunes
Bord des écailles gris
Bande horizontale gris foncé à noire de la pointe du museau aux opercules, qui traverse l'œil

Noms

Autres noms communs français

Perroquet à barres vertes, poisson-perroquet rude, perroquet marron (La Réunion), perroquet sale, cateau vert, cateau binik (Maurice), kakatoi vert (Seychelles),

Noms communs internationaux

Fivesaddle parrotfish, dusky-capped parrotfish (GB), Loro de cinco monturas (E), Papagaio de cinco selas (Portugal, Mozambique), Vyfsaal-papegaaivis (Afrique du Sud), Lacukang (Indonésie)

Synonymes du nom scientifique actuel

Callyodon pectoralis (Valenciennes, 1840)
Callyodon scaber (Valenciennes, 1840)
Scarus pectoralis Valenciennes, 1840
Callyodon cyanognathus (Bleeker, 1847)
Scarus cyanognathus Bleeker, 1847
Pseudoscarus flavomaculatus Bliss, 1883

Distribution géographique

Mer Rouge et océan Indien

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

Cette espèce se rencontre en mer Rouge et dans tout l'océan Indien. On la trouve à l'ouest, du golfe d'Aden à l'Afrique du Sud, et à l'est, de la Thaïlande au nord-ouest de l'Indonésie.
Elle cohabite aux îles Cocos (Keeling) avec l'espèce du Pacifique dont elle est vicariante*, Scarus oviceps. Certains spécialistes ne signalent toutefois Scarus scaber que dans l'ouest de l'océan Indien.

Biotope

Scarus scaber se rencontre à faible profondeur (entre 0 et 20 m), dans les zones coralliennes riches et les lagons.

Description

Scarus scaber est un poisson-perroquet relativement fuselé et modérément comprimé latéralement. Sa longueur standard (longueur sans la queue) comprend entre 2,4 et 3 fois la hauteur du corps. La longueur totale (avec la queue) du mâle peut atteindre 37 cm pour un poids maximum documenté de 900 g.

Phase terminale (les mâles) : une zone bleu foncé à gris acier ou olivâtre, formant une sorte de calotte, marque la partie antéro-supérieure du corps. Elle commence à quelques centimètres au-dessus de la bouche, englobe les yeux et peut aller des premiers rayons de la dorsale à la moitié du dos. Elle est marquée par une courte ligne verte au-dessus de l'œil. Sa limite inférieure dessine une ligne descendante qui passe sous les yeux et rejoint les opercules* au-dessus des pectorales. Il arrive que la zone entière soit de couleur claire (verte ou bleue) à l'exception d'une bande bleu foncé à noirâtre qui suit sa limite inférieure. L'extrémité du museau est turquoise à verte, cette couleur se poursuivant par une bande jusqu'aux pectorales en passant sous les yeux. La partie inférieure des joues et la gorge sont rose violacé (verdissant chez les jeunes individus), avec deux selles inversées bleues ou vertes sous le menton. Les deux-tiers supérieurs du corps, derrière la calotte foncée, sont bleus à vert jaunissant, le bord des écailles est largement marqué de rose. Il arrive que cette partie du corps soit bleue dans sa première moitié, et verte ou jaunâtre dans la seconde. Le tiers inférieur du corps est à dominante bleue, le marquage rose des écailles s'y estompe et vire au bleu foncé ou au vert foncé.
La base des nageoires dorsale et anale est bleu turquoise à verte. Puis vient une large bande rose violacé, la frange terminale retrouvant la couleur de la base des nageoires. Les premiers rayons des pectorales et des pelviennes sont bleus à verts, puis on trouve quelques rayons roses et les derniers sont translucides. La caudale est en croissant, les pointes étant plus ou moins longues selon l'âge des individus. Une fourche rose à violette s'y dessine. Elle longe l'intérieur des bords de la nageoire jusqu'à leur extrémité et colore le premier tiers des autres rayons.

Phase initiale (les femelles et les éventuels mâles primaires) : la moitié supérieure du corps, gris acier, est barrée par quatre selles légèrement obliques blanchâtres à jaunes dont les contours sont plus ou moins bien définis. Il arrive qu'on n'en distingue nettement que trois, voire deux. Une autre selle est parfois suggérée sur la nuque, mais elle est le plus souvent indiscernable : c'est elle qui justifie le nom vernaculaire* mentionnant cinq selles. Ces selles descendent sur un tiers de la hauteur du corps. La dernière selle peut s'étendre jusqu'à jaunir aussi le pédoncule* et la nageoire caudale. La moitié inférieure du corps est blanchâtre à beige rosé, et marquée par un maillage gris produit par la couleur du bord des écailles. Au niveau de la tête, les deux couleurs dominantes sont séparées par une bande gris foncé à noire plus ou moins marquée qui part de la pointe du museau, traverse l'œil et s'achève sur le bord supérieur des opercules en dépassant parfois légèrement cette limite. Cette bande peut s'estomper jusqu'à disparaître. La partie supérieure de la tête peut aussi être jaune. On trouve une zone jaunâtre plus ou moins distincte et étendue de part et d'autre de la bande noire au niveau des opercules, et parfois un peu au-delà.
Toutes les nageoires sont translucides, les rayons et la membrane pouvant être ocre pâle ou rosâtres. La caudale est arrondie chez les plus jeunes femelles, puis elle est tronquée et finit pas suggérer un léger croissant chez les plus âgées.

Espèces ressemblantes

Il y a quelques risques de confusions avec d'autres espèces.
NB : les phases initiales et terminales des espèces ressemblantes sont ici comparées avec les mêmes phases chez Scarus scaber.

Scarus oviceps phase terminale : l'espèce, présente dans le Pacifique et l'est de l'océan Indien jusqu'aux îles Cocos (Keeling), est fortement apparentée à Scarus scaber (vicariance*). D'où une ressemblance telle des mâles qu'il n'est pas possible de différencier visuellement les deux espèces. La répartition géographique aidera donc à identifier l'espèce. Elles ne cohabitent en effet que dans la zone des îles Cocos.

Scarus oviceps phase initiale : la zone gris foncé en quart antéro-supérieur du corps descend plus loin sur le dos, jusqu'au premier tiers de la nageoire dorsale. Dans la plupart des cas seules deux selles sont nettement observables. L'extrémité de la première se fond à une large bande jaune qui va de l'arrière des pectorales à la bouche en passant sous la bande noire qui traverse les yeux.

Scarus dimidiatus phase terminale : l'espèce, présente dans le Pacifique Ouest, est elle aussi fortement apparentée à Scarus scaber. Elle est caractérisée chez le mâle par une bande bleu foncé qui descend de l'arrière de l'œil vers les opercules au-dessus des pectorales, et par la bande jaune bordée de bleu qui longe sa limite inférieure. Les joues sont d'un jaune éventuellement verdissant. Le premier tiers du dos, après le front, peut être d'un bleu-vert très clair. On trouve de surcroît deux bandes roses sur la dorsale (il n'y en a qu'une chez Scarus scaber).

Scarus dimidiatus phase initiale : la couleur dominante est plus jaune que grise. La barre grise plus ou moins foncée qui relie le museau à l'extrémité des opercules chez la femelle de Scarus scaber n'est pas présente.

Chlorurus troschelii phase initiale : Les selles jaunes, au nombre de trois, rejoignent le bas de la partie inférieure du corps. Une selle courte et discrète peut apparaître en outre derrière le front. Le pédoncule caudal est parfois blanchâtre. On le trouve dans l'est de l'océan Indien et le Pacifique Ouest.

Alimentation

Scarus scaber se nourrit d'algues benthiques* essentiellement récoltées sur les coraux. Il fait partie de la catégorie des poissons-perroquets "racleurs" (par opposition aux "excavateurs", plus destructeurs pour les coraux), qui ingurgitent en même temps que le gazon algal une fine couche de corail.

Reproduction - Multiplication

Les spécialistes pensent que l'espèce est hermaphrodite* protogyne* et diandrique* comme la grande majorité des Scaridés, mais cela n'a pas encore été confirmé par un examen histologique* des gonades* pour S. scaber. Toutefois, on peut rencontrer des individus portant une livrée intermédiaire entre celle de la femelle et celle du mâle, ce qui tend à confirmer l’hypothèse d’un hermaphrodisme protogyne.

La reproduction de l'espèce n'a pas été étudiée, mais on estime que les dimorphisme* et dichromatisme* sexuels liés à des couleurs spectaculairement vives chez les mâles sont associés à une stratégie de ponte par paires (vs en groupes). On peut donc penser que S. scaber se reproduit en couples.

La livrée des juvéniles est d'abord d'un gris bleuté très clair et uniforme. Cette couleur s'assombrit légèrement ensuite en moitié supérieure. Le corps peut aussi être jaune très pâle, la gorge et l'abdomen étant blanchâtres. Le bout du museau est alors d'un gris plus soutenu. Ensuite la tête jaunit, puis front et nuque commencent à griser. Peu de temps après les teintes grise et blanche deviennent plus franches sur la tête, la bande noire les séparant s'affirme, et le corps devient jaunâtre, parfois vert clair. Enfin la couleur de fond devient grise dans le tiers supérieur et gris clair dans les deux tiers inférieurs, et les selles apparaissent : la livrée de la femelle sera achevée quand les trois couleurs (gris, blanc et jaune) seront tranchées et les selles de la longueur voulue.
Les juvéniles forment de petits groupes multispécifiques très denses et se protègent souvent dans les herbiers en prenant une teinte à dominante verte.

Divers biologie

Les dents sont fusionnées en plaques dentales lisses en partie antérieure des deux mâchoires, lesquelles ne comportent pas de canines. La mâchoire supérieure englobe la mâchoire inférieure quand la bouche est fermée. Les plaques dentales sont de couleur bleue. Seule leur base porte cette couleur chez les jeunes individus. Les joues portent trois rangs d'écailles.

Cette espèce possède une glande située sous les opercules qui lui permet de produire un cocon de mucus pour la protéger des parasites pendant son sommeil. Cette propriété n'existe pas chez tous les Scaridés.

La nageoire dorsale est composée de 9 rayons durs et de 10 rayons mous, l'anale comprend 3 rayons durs et 9 rayons mous.

Les individus en phase initiale (femelles et éventuels mâles primaires) forment le plus souvent de petits groupes.
Les mâles (phase terminale) sont généralement solitaires.

Informations complémentaires

Si les cinq selles légèrement obliques, blanchâtres à jaunes, sur le dos et la nuque justifient le nom vernaculaire français, les scientifiques anglophones considèrent, eux, que les selles sont les intervalles gris foncé entre les barres jaunes et non pas ces barres elles-mêmes.

Scarus scaber est assez rare dans sa zone de distribution, mais certaines localités peuvent présenter des densités importantes.

Son niveau de résilience* est élevé : le temps nécessaire pour le doublement d'une population est estimé à moins de quinze mois. Sa vulnérabilité est considérée comme faible.
La liste rouge élaborée par R. Fricke à l'occasion de l'inventaire ichtyologique de La Réunion [Fricke & al. 2009] considère cependant l'espèce comme étant en danger sur l'île et préconise une priorité haute pour les mesures de conservation. L'espèce est très sensible aux activités humaines, et périclite entre autres du fait de l'importante dégradation de son habitat, notamment corallien, en liaison avec la pression anthropique*.

Scarus scaber est pêché pour sa chair, et prélevé en vue du commerce aquariophile.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Son statut pour l'U.I.C.N. (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) est LC (Least Concerned), autrement dit : l'espèce est faiblement concernée par la nécessité de mesures de protection.

Origine des noms

Origine du nom français

Perroquet : le rapport de ce nom au poisson peut venir des couleurs très vives des mâles de certaines espèces, qui évoquent celles de nombreux oiseaux de la famille des Psittacidés (perroquets), et/ou des plaques dentales soudées de la plupart des Scaridés, qui évoquent le bec de ces volatiles.

A cinq selles : cette précision ne concerne que la livrée de la femelle, dont le dos est barré de selles blanchâtres à jaunes. A noter que les cinq selles ne sont pas forcément visibles chez tous les individus.

Origine du nom scientifique

Scarus : du latin [scarus], qui signifie scare, ou poisson de mer (scare est le nom vernaculaire générique des poissons-perroquets). Le mot latin est dérivé du grec [skaros], de même sens. Les Grecs connaissaient cette famille à travers Sparisoma cretense, présent sur leurs côtes, Aristote en décrit les viscères.
Le genre a été décrit par P. Forskål en 1775 et comprend 45 espèces.

scaber : ce mot latin signifie raboteux, rude, ou sale, galeux. Les termes « rude » et « sale » se retrouvent dans certains des noms vernaculaires de langue française. Le second peut venir de la teinte grisâtre du corps et du jaune souvent mêlé de gris des selles dorsales de la livrée initiale. Le premier est conforme au nom vernaculaire donné par Valenciennes (« Perroquet rude », Histoire Naturelle des Poissons, Tome quatorzième, Suite du livre seizième, Chapitre XVI). Sa description, faite d'après un dessin et un individu séché rapportés par Commerson, mentionne que les écailles de Scarus scaber « sont plus rudes même que dans le scare tacheté [S. ghobban] » du fait des stries et des granulosités dont elles sont couvertes. C'est la livrée en phase initiale de l'espèce qui est décrite, mais il semble que les naturalistes du XIXème siècle aient cantonné le taxon à cette livrée.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Super ordre Acanthopterygii Acanthoptérygiens Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Sous-ordre Labroidei Labroïdes Une seule dorsale, dents molariformes formant un puissant appareil masticatoire.
Famille Scaridae Scaridés Une seule nageoire dorsale, dents soudées formant un puissant "bec de perroquet".
Genre Scarus
Espèce scaber

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