Tergipe furtif

Tergipes tergipes | (Forskål, 1775)

N° 3858

Atlantique Nord

Clé d'identification

Nudibranche de petite taille (5 mm) vivant sur des hydraires
8 cérates simples, sur chaque côté du corps, jamais en rangées
Les deux premiers cérates sont opposés, les autres alternés
Progression rampante et saccadée

Noms

Autres noms communs français

Tergipe de Johnston

Noms communs internationaux

Johnston's balloon eolis (GB), Slanke knotsslak (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Limax tergipes Forskal in Niebuhr, 1775
Tergipes lacinulatus Blainville, 1824
Eolidia despecta
Johnston, 1835
Tergipes despectus (Johnston, 1835)
Psiloceros claviger Menke, 1844
Aeolis neglecta Lovén, 1846

Distribution géographique

Atlantique Nord

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]

Espèce amphi-atlantique* présente de l'Islande et de la Norvège jusqu'en Méditerranée et de l'Amérique du Nord au Brésil.

Biotope

Le tergipe furtif vit à faible profondeur sur des hydraires fixés aux algues, aux moules, aux piliers, aux bouées et aux navires amarrés en mer ou dans les estuaires. Sa répartition verticale s'étend du niveau des basses mers jusqu'à 20 m de profondeur.

Cette espèce est euryhaline* et peut donc être observée dans des milieux où la salinité peut être plus faible (jusqu'à 10 ).

Description

Tergipes tergipes est un minuscule Eolidien de 5 mm de long (parfois jusqu'à 8 mm). Le corps, étroit et allongé, est blanc translucide avec de discrètes stries rouges ou brunes sur les côtés de la tête et sur les flancs. Une strie rouge brun est visible juste derrière la base de chaque rhinophore*, elle rejoint celles des flancs.

Les viscères, visibles par transparence, sont de couleur crème et la glande digestive est gris vert foncé. Celle-ci a la forme d’un cordon tortueux et ramifié qui parcourt toute la longueur du corps et dont chaque branche se prolonge dans un cérate*. Les 8 cérates (rarement 10) sont simples, les deux premiers sont opposés et les autres sont disposés alternativement le long des côtés du corps (cette disposition est caractéristique de cette espèce). Les cérates ont une forme allongée, gonflée avec un gros cnidosac* blanc à l’extrémité.

Les tentacules* oraux sont courts et translucides, les rhinophores* sont longs (1/3 de la longueur du corps) lisses et fins. La queue est longue.

Espèces ressemblantes

On peut confondre Tergipes tergipes avec plusieurs espèces d'Éolidiens de petite taille ainsi qu'avec des juvéniles d'espèces de plus grande taille. On distingue deux cas :
- une gaine enveloppe la base de chaque rhinophore et les cérates sont par paires (5 à 9 paires), presque toujours bosselés de tubercules. Il s'agit alors d'espèces du genre Doto (comme Doto fragilis).
- il n'y a pas de gaine à la base des rhinophores. Plusieurs espèces sont dans ce cas, comme par exemple :

  • Eubranchus exiguus (Alder & Hancock, 1848) qui peut-être observé en même temps que Tergipes tergipes. Mais E. exiguus présente des cérates plus nombreux (environ 10) en forme d'urne, avec un anneau blanc subterminal sur les rhinophores et les tentacules oraux, ainsi que des anneaux sombres, plutôt vers la base des rhinophores et des tentacules oraux. Le corps est blanc grisâtre tacheté de pigments bruns ou verts. Les rhinophores sont deux fois plus longs que les tentacules oraux. Les capsules ovigères* sont réniformes*, voire en forme de losange. E. exiguus a été observé sur Obelia longissima ou O. dichotoma.
  • Eubranchus rupium (Möller, 1842), cette espèce est plus nordique (Norvège, Groenland, jusqu’au Grevelingen aux Pays-Bas). Elle présente des taches rouges, orange ou brunes, des rhinophores plus longs d’un tiers que les tentacules. Il y a jusqu’à 10 cérates par groupes de 2 ou 3. Les œufs sont pondus dans un cordon épais généralement enroulé entre les polypes de la colonie d’hydraire support. Cette espèce a été observée sur Obelia longissima.
  • Embletonia pulchra (Alder & Hancock, 1844). Le corps blanc translucide est comprimé dorso-ventralement. Le bord antérieur du pied est très caractéristique : il est formé de deux lobes et il n’y a pas de tentacules oraux. Les rhinophores sont lisses et très écartés. Les cérates, jusqu’à 7 paires, un peu renflés, ne sont pas toujours disposés en une seule série de chaque côté du corps et ne portent pas de tubercules. Leur taille augmente de l’avant vers l’arrière. Il n'y a pas de cnidosacs* mais chaque pointe de cérate possède jusqu'à quatre paquets superficiels qui semblent contenir des nématocystes*. Cette espèce ne dépasse pas 7 mm de long. Sa ponte se présente sous la forme d'un petit ruban en spirale à plusieurs tours non jointifs. Cette espèce est également euryhaline*. Elle peut être observée dans la faune interstitielle.
  • Tenellia adspersa (Nordmann, 1845). Il s’agit aussi d’une espèce euryhaline* et en plus eurytherme*. Elle est certainement cosmopolite. Tenellia adspersa ne dépasse pas 8 mm de longueur. La partie antérieure de la tête est très caractéristique : la tête est bombée et en forme de spatule, avec des lobes latéraux (voile oral) qui sont parfois prolongés par de courts tentacules oraux latéraux. Le corps est brun pâle avec des petits points noirs disposés aussi sur les cérates. Les rhinophores sont lisses et cylindriques. Les cérates sont disposés en 4 ou 5 groupes de 2 ou 3 le long de chaque côté du corps avec présence de cnidosacs. La ponte est blanche ou rose pâle dans de petites capsules ovigères* réniformes* attachées par un court pédoncule*.

Alimentation

Tergipes tergipes est observé sur plusieurs espèces d'hydraires ramifiés dont il se nourrit : Aglaophenia pluma (Linnaeus, 1758), Bougainvillia ssp., Campanularia sp., Clava multicornis (Forskal, 1775), Gonothyraea loveni (Allman, 1859), Laomedea flexuosa Alder, 1857, Obelia dichotoma (Linnaeus, 1758), O. longissima (Pallas, 1766), O. geniculata (Linnaeus, 1758), Hartlaubella gelatinosa (Pallas, 1766), Sertularia sp. et sur les polypes de Coryne eximia Allman, 1859.

Reproduction - Multiplication

Comme tous les Éolidiens Tergipes tergipes est hermaphrodite*. Après un accouplement réciproque, chaque individu va pondre. Les capsules d'œufs sont gélatineuses, blanches, petites (2 mm de longueur) réniformes* contenant chacune environ 150 œufs blancs de 80 à 100 µm de diamètre. Elles sont déposées sur les colonies d'hydraires où vivent les adultes. Ce sont souvent ces capsules qui trahissent la présence de cette espèce. La ponte a lieu de mars à novembre mais surtout d'avril à juin. La durée de vie d'une génération est brève (les adultes sont reproducteurs en 5 semaines).

Vie associée

Cette espèce est observée sur les hydraires qui lui servent de nourriture (cf. rubrique alimentation). Elle peut être présente, parfois en grand nombre, en même temps que Eubranchus exiguus.

Divers biologie

Sa progression rampante et saccadée est très caractéristique.

Cette espèce, de par sa petite taille et son mimétisme* avec les hydraires sur lesquels elle vit n'est pas souvent observée, elle est pourtant assez commune. Elle est signalée aux Pays-Bas comme grégaire puisque des populations de 500 individus par mètre carré ont été observées dans ce pays.

Informations complémentaires

Curieusement les lobes de la glande digestive ne sont pas répartis régulièrement : le premier cérate à droite contient un lobe de la glande digestive droite, alors que tous les autres cérates contiennent des lobes de celle de gauche.

Origine des noms

Origine du nom français

Tergipe par francisation du nom scientifique.
Furtif : qui échappe à l'attention. Cette espèce est peu observée du fait de sa petite taille.
Tergipe de Johnston : adaptation d'un nom vernaculaire en anglais, Johnston's balloon eolis. Johnston a été en 1835 un des descripteurs de cette espèce, dorénavant synonyme.

Origine du nom scientifique

Tergipes : du latin [tergum] = dos, et du latin [pes] = pied , des pieds sur le dos, allusion aux cérates disposés sur le dos. L'espèce a été décrite par Petrus Forskal (1736-1768) mais ce dernier est décédé de la malaria lors de l'expédition en mer Rouge. C'est C. Niebuhr qui a, alors, publié le travail de Forskal en 1775, à titre posthume. Le nom de genre a été donné par Georges Cuvier en 1805.
despectus : du latin [despectus] = mépris, inaperçu, du fait de la petite taille de cette espèce.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 141641

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Cladobranchia Cladobranches
Famille Tergipedidae Tergipédidés Petits éolidiens avec une seule série de cérates fusiformes parfois renflés, peu nombreux, de chaque côté du dos, au pied arrondi en avant, aux rhinophores et tentacules buccaux simples.
Genre Tergipes
Espèce tergipes

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