Palétuvier soleil rouge

Sonneratia caseolaris | (L.) Engler

N° 2970

Rivages inter-tropicaux de l'Indo-Pacifique Ouest

Clé d'identification

Feuilles vert clair et vif, ovales, coriaces
Pneumatophores coniques proéminants
Fleurs rouges
Etamines groupées en balai
Fruit en soleil vert

Noms

Noms communs internationaux

Crabapple mangrove, apple mangrove, berembang (GB)
Kinnai, kinnari, kandia, peda kallinga, kirala, kirilla (Inde, Sri Lanka)

Synonymes du nom scientifique actuel

Sonneratia acida L.f.
Sonneratia lanceolata Bl.

Distribution géographique

Rivages inter-tropicaux de l'Indo-Pacifique Ouest

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

Ce palétuvier est présent dans l'océan Pacifique tropical Ouest : au Sri Lanka, en Malaisie, au nord de l'Australie, en Nouvelle-Calédonie, au Vanuatu, à Sumatra, Timor, Java, Bornéo, aux Célèbes, Philippines et Moluques, en Nouvelle-Guinée, aux îles Salomon.
On le rencontre aussi à l'est de l'océan Indien à partir de l'Inde.
En Nouvelle-Calédonie, Sonneratia caseolaris est peu commun, et n'a pour le moment été identifié que sur la presqu'île de Lebris (sud-ouest) et le long des rivières Amoa et Tiwaka (nord-est).

Biotope

Les zones privilégiées par Sonneratia caseolaris sont les régions humides tropicales et sub-tropicales, où la température annuelle moyenne varie entre 20 et 27 °C.
Il aime les sols relativement acides et les terrains profondément envasés.
Il supporte mal les eaux trop salées, c'est pourquoi on ne le rencontre jamais aux embouchures des rivières, et notamment au contact de formations coralliennes. Il s'épanouit dans les eaux peu salées du haut de calmes rivières, dans des endroits abrités où les mouvements d'eau sont faibles : le long des creeks et des bras de rivières, ou dans l'arrière-mangrove en limite de terre ferme.

Description

Sonneratia caseolaris est un palétuvier.
Il mesure entre 8 et 20 m de haut. Son port est bien érigé, au tronc épais dont l'écorce est claire et rugueuse. Le branchage est très touffu et développé : les branches démarrent de n'importe où sur le tronc et peuvent donc être très basses, à ras de la surface de l'eau.
Les feuilles sont simples et ovales, aux dimensions maximales de 3 cm de large sur 8 cm de long. Elles sont coriaces, d'un vert clair intense, et situées deux par deux en opposition sur les branches. Leur base est courte et brunâtre.
Les fleurs, d'un rouge flamboyant qui se remarque de loin, sont solitaires : leur floraison est indépendante les unes des autres. Un arbre fleurit donc sur quelques semaines, et on peut y voir presque tous les stades en même temps : du bouton floral jusqu'au fruit. Les fleurs sont terminales (à l'extrémité des branches), parfois en groupe de 2 ou 3. Elles sont larges, environ 5 cm d'envergure, et bisexuées. Leur base est faite de 6 sépales coriaces (parfois 7 ou 8), d'un vert profond, oblongues, jusqu'à 3,5 cm de long sur 2 cm de large. En leur centre jaillissent en balai plusieurs dizaines d'étamines* dont le filament est rouge écarlate, long de 3 cm et terminé par deux sacs polliniques blancs (amas de grains de pollens). Le pistil* est central ; on ne distingue pas sa base qui contient entre 16 et 21 cavités d'ovules, surmontée d'un long filament épais et vert pâle de 4 cm.
Le fruit est une grosse baie globuleuse. Il est entouré des 6 sépales de la fleur qui ne tombent pas durant la fructification. Il est vert, son écorce est luisante et dure.
Les racines de S. caseolaris sont souterraines (pas de racine échasse, aérienne ou contrefort comme chez de nombreux palétuviers de mangrove). Elles se développent horizontalement autour de l'arbre et sont surmontées de nombreux et très imposants pneumatophores* coniques. Ces derniers font de 50 cm à 2 m de haut, avec un diamètre de 5 à 10 cm.

Espèces ressemblantes

Sonneratia caseolaris et Sonneratia alba sont deux palétuviers extrêmement semblables à première vue. Cependant, S. caseolaris porte des fleurs rouge écarlate (celles de S. alba sont blanches), ses feuilles sont plus petites et ses pneumatophores bien plus imposants que ceux de S. alba.

Alimentation

Comme tous les végétaux, les palétuviers pratiquent la photosynthèse, ce qui leur permet de synthétiser des molécules organiques à partir du CO2 atmosphérique et de l'énergie lumineuse. C'est leur seule source de carbone*. L'eau et les sels minéraux sont puisés dans le substrat grâce aux racines.

Reproduction - Multiplication

La fleur de Sonneratia caseolaris est éphémère et nocturne : son épanouissement ne se fait que sur une nuit seulement. La journée suivante voit déjà le début du flétrissement des étamines. Durant cette nuit de floraison, la richesse du nectar contenu dans la fleur attire les papillons de nuit et les chauve-souris. Ces derniers, en se nourrissant, aggripent des milliers de grains de pollens au contact des longues étamines*, et permettent ainsi, en passant de fleur en fleur, le dépôt du pollen sur différents pistils* : la fécondation est donc nocturne et se fait lors de la rencontre des gamètes mâles contenus dans le pollen et des ovules situés à la base du pistil.
Généralement, la régénération naturelle de Sonneratia caseolaris est facile.
Les espèces S. caseolaris et S. alba s'hybrident en Australie, donnant ainsi l'espèce hybride Sonneratia x gulngai. Cette hybridation n'a pas encore été observée en Nouvelle-Calédonie.

Vie associée

Cet arbre peut être l'hôte d'un nombre important et très diversifié d'insectes ou oiseaux de bord de mer.

Divers biologie

Pour que l'arbre échappe à l'intoxication par le sel de mer, certains tissus des racines filtrent l'eau de mer : l'eau et les sels minéraux passent vers la sève, mais pas le sel. Le sel qui arrive quand même à passer jusqu'à la sève est transporté vers les vieilles feuilles, qui sont alors éliminées par sénescence.

Informations complémentaires

Les utilisations de Sonneratia caseolaris par certains peuples du Pacifique sont diversifiées et similaires à celles de S. alba :
- Ces palétuviers soleil auraient des propriétés médicinales intéressantes pour réguler les problèmes circulatoires lors d'entorses et d'inflammations. Notamment, les birmans font des cataplasmes avec les fruits et les indonésiens avec les feuilles, qu'ils appliquent sur les coupures et les ecchymoses. En effet ces cataplasmes ont des propriétés anti-hémorragiques. Les malaisiens utilisent l'écorce du fruit pourri comme vermifuge, et le jus du fruit à moitié mûr contre la toux, tandis qu'ils utilisent les feuilles écrasées contre la variole.
- Les jeunes fruits sont aigres et sont utilisés pour la fabrication du vinaigre et entrent dans la composition de chutneys orientaux. Les fruits mûrs auraient le goût de fromage et sont consommés crus ou bien cuisinés. Il est aussi possible de faire de la gelée avec ces fruits.
- La densité du bois de S. caseolaris est importante : 800 kg/cm3, ce qui en fait un bois lourd bien adapté pour les constructions.
- Les pneumatophores coupés servent de liège ou de flotteurs pour la pêche. Ils entrent aussi dans la composition de papier kraft.
- Ce palétuvier est utilisé comme bois de chauffage car sa valeur calorifique est supérieure à celle de la moyenne des arbres. Cependant, son rendement est médiocre comparé à d'autres palétuviers de mangrove, car sa combustion rend beaucoup de cendres et de sels. Par contre, la régénération des branches coupées est assez rapide.

S. caseolaris contribue à la fabrication de miel de palétuvier puisque les abeilles butinent ses fleurs.

Statuts de conservation et réglementations diverses

A Singapour, cette espèce de palétuvier est classée en danger critique sur la liste rouge de leurs espèces menacées.

Origine des noms

Origine du nom français

L'origine du terme "palétuvier" semble inconnue. Jusque vers la fin du XVIIe siècle, ce terme n'était employé qu'à la Martinique, et s'appliquait aussi à certains arbres qui ne se développent pas sur les rivages.
L'appellation "soleil" vient de l'aspect du fruit : il s'agit d'un globe entouré de 6 sépales pointus disposés à la manière des représentations du soleil.
"Soleil rouge" désigne la couleur de la fleur.

Origine du nom scientifique

Sonneratia : du nom de P. Sonnerat (1748-1814), naturaliste français qui explora la Nouvelle-Guinée, les Moluques et la Chine.
caseolaris
: du latin [caseolus] = petit fromage. Ce terme indique une des utilisations de ce palétuvier : la consommation de son fruit qui aurait le goût de fromage.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 235109

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Magnoliophyta Angiospermes Plantes à fleurs dont les graines fécondées sont renfermées dans un fruit.
Classe Magnoliopsida Dicotylédones Embryons à deux cotylédons*.
Sous-classe Magnoliidae Magnioliales
Famille Lythraceae Lythracées
Genre Sonneratia
Espèce caseolaris

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