Sclérodoris à oscules

Sclerodoris tuberculata | Eliot, 1904

N° 3863

Mer Rouge et indo-Pacifique

Clé d'identification

Taille maximale documentée 7,5 cm
Crête dorsale formant une bosse avec une dépression en forme de cratère
Panache branchial situé à l’extrémité postérieure de la crête dorsale et orienté vers l’arrière
Couleur de fond très variable, souvent marquée par des taches blanchâtres plus ou moins organisées
Face ventrale du manteau invariablement orange avec des petits points bruns à pourpre

Noms

Noms communs internationaux

Sponge Sclerodoris, red lattice slug (GB), Nacktschnecke, Schwamm Sclerodoris (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Doris castanea Kelaart, 1858
Sclerodoris rubra Eliot, 1904

Distribution géographique

Mer Rouge et indo-Pacifique

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

L’espèce a été observée en mer Rouge ainsi que dans les zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et du Pacifique Ouest et centre.
Dans l’océan Indien, elle est documentée depuis les côtes d’Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie, Mozambique, Afrique du Sud) jusqu'au Sri Lanka en passant par Mayotte, Madagascar, les Seychelles et La Réunion.
Dans l’océan Pacifique, on la trouve du sud du Japon à la mer de Tasman en passant par la Chine, les Philippines, l’Indonésie, la Papouasie-Nouvelle Guinée et les côtes orientales de l’Australie, ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française.

NB : l’espèce observée dans le golfe de Tarente (Méditerranée) et nommée Sclerodoris cf. tuberculata par Perrone en 1985 est considérée comme une probable espèce non décrite.

Biotope

L’habitat de cette espèce n’est pas systématiquement documenté à la date de publication de cette fiche (août 2022), à notre connaissance. Il est acquis qu’elle fréquente les zones récifales. Les précisions données par un spécialiste sur l’habitat des spécimens qu’il a étudiés indiquent une présence dans la zone intertidale* et sur les platiers* récifaux sur fonds sableux, boueux ou rocheux (Rudman, 1978).

Description

Description succincte : nudibranche de taille moyenne (max. 7,5 cm), de forme ovale et pourvu d’une crête dorsale haute et large formant une bosse. Cette crête porte une dépression en forme de cratère caractéristique de l’espèce. Le manteau* présente un réseau irrégulier de petites crêtes, ainsi que de nombreux tubercules* coniques. Le panache branchial se situe à l’extrémité postérieure de la crête dorsale et est orienté vers l’arrière. La couleur est très variable (brune, orange, rouge, lie de vin, grise ou jaune) et elle est souvent marquée par des taches blanchâtres évoquant des agrégats de sable. La face ventrale du manteau est invariablement orange avec des petits points bruns.

Description détaillée :
Le corps au repos est approximativement ovale et devient oblong en situation de locomotion. L’extrémité antérieure est entaillée en forme de spatule arrondie. Les bords du manteau*, relativement plats, s’élèvent progressivement vers une crête dorsale haute et large en forme de bosse. La consistance du manteau est ferme et évoque celle du cuir. La taille maximale documentée est de 7,5 cm.

La crête dorsale commence derrière les rhinophores, progresse régulièrement en hauteur jusqu’aux deux tiers du corps, et s’achève par une descente incluant le panache branchial. Elle est marquée par de nombreux tubercules et par une dépression en forme de cratère caractéristique de l’espèce. Il arrive qu’il y ait deux cratères sur cette crête, et d’autres sur le manteau autour d’elle. Ces dépressions imitent les oscules* des éponges dont l’animal se nourrit. Outre la haute crête dorsale, le manteau présente un réseau irrégulier de petites crêtes, parfois très discrètes, marquées à leurs intersections par un tubercule conique. Ces tubercules peuvent aussi être isolés. Ils sont variables en taille et en nombre, mais ils sont en général plus hauts et moins nombreux sur la crête dorsale et autour de celle-ci qu’à la périphérie du manteau.

Le tronc des rhinophores* est court et généralement caché par un fourreau tronconique. La massue (partie enflée portant les lamelles) est en forme de pomme de pin et porte une petite extrémité tubulaire. Le nombre de lamelles n’est pas exhaustivement documenté, mais Valdès et Gosliner (2001) en comptent 26 sur un spécimen de 3,5 cm.

Le fourreau branchial, haut et volumineux, se situe à l’extrémité postérieure de la crête dorsale et est orienté vers l’arrière. Le panache branchial est constitué de huit branchies* tripinnées* ou quadripinnées. La partie exposée des branchies est généralement de faible hauteur et les feuillets branchiaux peuvent se rétracter complètement dans le fourreau.

La couleur de fond est très variable : elle peut être brune, orange, rouge, lie de vin, grise ou jaune. Elle est souvent marquée par des taches blanchâtres plus ou moins denses et organisées. Chez certains individus elles sont dispersées, chez d’autres elles rayonnent autour de la crête dorsale. Ces taches évoquent les amas de sable agglutinés par du mucus que l’on peut trouver sur les éponges. Le fond des cratères imitant les oscules d’éponge est parfois marqué de noir, ce qui parfait la ressemblance.
Les rhinophores sont de la couleur dominante du corps avec de très petites taches blanches alignées sur le bord des lamelles, certaines d’entre elles étant plus grosses et donc plus visibles que les autres. L’extrémité tubulaire est blanche.
Les branchies sont généralement brun clair et présentent une forte densité de taches blanches, notamment à leur périphérie.

La face ventrale du manteau et les bords du pied sont invariablement d’un orange plus ou moins foncé constellé de petits points bruns à pourpre. Le dessous du pied est orange clair.

Espèces ressemblantes

La dépression en forme de cratère précédant le panache branchial sur la ligne médiane de la crête dorsale est un caractère distinctif de Sclerodoris tuberculata. D’autres espèces de doridiens présentent une crête dorsale, comme dans les genres Aldisa, Atagema ou Thordisa, mais lorsqu’il y a des cratères, il y en a souvent plus d'un, le premier se trouvant derrière les rhinophores. Ces espèces, dont les couleurs et motifs ne sont pas exclusifs ni même fixes restent très difficiles à discriminer in situ.

Alimentation

Sclerodoris tuberculata se nourrit exclusivement d’éponges.

Reproduction - Multiplication

En dehors de l’anatomie du système reproductif, la biologie de la reproduction de l’espèce n’est, à notre connaissance, pas documentée à la date de publication de cette fiche (août 2022). Toutefois, tous les nudibranches sont hermaphrodites* simultanés et pratiquent la fertilisation* croisée : chaque individu produit des gamètes* des deux sexes et est à la fois inséminateur (il donne ses spermatozoïdes*) et inséminé (il reçoit ceux de son partenaire) pendant l’accouplement.

Divers biologie

La formule radulaire* varie selon les individus, les points communs étant l’absence de dents rachidiennes, des dents crochues et des rangées extérieures composées de dents plates denticulées, les rangées intérieures étant non denticulées. A titre indicatif, Valdés et Gosliner (2001) l'ont établie à 28 x (57.0.57) chez un individu de 35 mm ; Rudman (1978) donne une formule de 39 x (56.0.56) chez un individu de 37 mm et, pour un individu de 50 mm, 35 x (60.0.60).

La face dorsale du corps est couverte de caryophyllidies, structures anatomiques de très petite taille (en moyenne 0,05 millimètre) formées d’un tubercule porteur de cils sensoriels entouré de spicules*. Ces spicules ne viennent pas des éponges consommées par l’espèce mais sont produits par son organisme. La fonction de ces structures n’est pas clairement identifiée.

Informations complémentaires

Le morphe rouge, considéré comme une espèce à part par Eliot sous le nom de Sclerodoris rubra, est devenu un synonyme de S. tuberculata en 1978.

L’espèce appartient à la famille des Discodorididés, qui comprend 28 genres acceptés.

Origine des noms

Origine du nom français

Sclérodoris à oscules (proposition DORIS) : en référence au cratère toujours présent sur la crête dorsale, et aux autres cratères souvent éparpillés sur la face dorsale du manteau, dont la forme évoque les oscules d’une éponge.

Origine du nom scientifique

Sclerodoris : du grec [sklēros], qui signifie « dur », et « doris », nom d’un genre de limaces de mer créé par Linné en 1758.
Le genre est décrit en 1904 par le malacologiste anglais Charles Norton Edgecumbe Eliot (1862-1931) dans la troisième partie de On some nudibranchs from East Africa and Zanzibar (p. 361). L’auteur ne justifie pas le choix de son nom, mais il précise que la caractéristique qui le distingue du genre proche Dictyodoris est « the hard texture and raised reticulate pattern » (« la consistance dure et la disposition réticulée des reliefs »). Cette consistance motive probablement le nom du genre, qui signifie « Doris dure ».
L’espèce type est Sclerodoris tuberculata.
Le genre contient actuellement 12 espèces acceptées.

tuberculata : du nom latin [tuberculum], qui signifie « petite saillie, gonflement ».
L’espèce est décrite par le descripteur du genre, Eliot, dans le même ouvrage (pp. 381-382). L’auteur ne justifie pas non plus le nom d’espèce, mais il note dans sa description : « The back is covered with irregular tubercles, simple and compound, of all shapes and sizes » (« le dos est couvert de tubercules irréguliers de toutes formes et tailles, les uns étant isolés et d‘autres reliés entre eux »). Cet aspect morphologique est probablement ce qui a inspiré le choix de l’épithète spécifique, qui signifie « couverte de tubercules ».
La localité du type est une île de Zanzibar nommée Changuu, ou Prison Island du fait du pénitencier qui y a été construit en 1893.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 209606

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Doridina Doridiens Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes.
Famille Discodorididae Discodorididés Forme aplatie ovale ou un peu rectangulaire. Pied plus petit que le manteau granuleux. Possibilité d’autotomie du bord du manteau. Présence de glandes à acide. Tentacules buccaux coniques ou digitiformes.
Genre Sclerodoris
Espèce tuberculata

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