Sclérodoris à papilles

Sclerodoris apiculata | (Alder & Hancock, 1864)

N° 3911

Mer Rouge, Indo-Pacifique, Méditerranée

Clé d'identification

Taille maximale documentée 5,5 cm
Corps ovale avec une crête dorsale longitudinale
Nombreux tubercules coniques coiffés d’une longue papille effilée
Réseau dense de petites crêtes reliant les tubercules
Couleur de fond variable plus ou moins couverte de traînées blanchâtres

Noms

Noms communs internationaux

Nacktschnecke (A)

Synonymes du nom scientifique actuel

Doris apiculata Alder & Hancock, 1864
Halgerda apiculata (Alder & Hancock, 1864)

Distribution géographique

Mer Rouge, Indo-Pacifique, Méditerranée

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

L’espèce est documentée en mer Rouge et dans les zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et du Pacifique Ouest et centre.
Dans l’océan Indien, elle peut être rencontrée depuis les côtes est-africaines (Kenya, Tanzanie, Afrique du Sud) jusqu'au sud de l’Inde, en passant par La Réunion. Dans l’océan Pacifique, on la trouve des côtes orientales de l’Australie à la Nouvelle-Calédonie.

Elle a été observée en Méditerranée orientale (Ashkelon, Israël). Elle fait donc partie des espèces dites « lessepsiennes* » parce qu’elles migrent vers la Méditerranée via le canal de Suez.

Biotope

L’habitat de cette espèce n’est pas systématiquement documenté à la date de publication de cette fiche (03/2024), à notre connaissance. On sait qu’elle fréquente les zones intertidales*, sur fonds rocheux ou sablo-détritiques*.

Description

Description succincte : nudibranche de taille moyenne (5,5 cm max.) de forme ovale et pourvu d’une haute crête dorsale aux bords surélevés par un alignement de tubercules coniques. Ces tubercules, qui portent chacun une longue papille effilée, sont aussi présents sur toute la face dorsale du corps et sont reliés entre eux par un réseau dense de petites crêtes arrondies. Le panache branchial se situe à l’extrémité postérieure de la crête dorsale et est orienté vers l’arrière. La couleur de fond est très variable (grise, fauve, brune, beige, verdâtre, jaune). Elle est marquée par des traînées blanchâtres plus ou moins organisées. La face ventrale du manteau* est de la couleur de fond, en version délavée, avec de nombreux points bruns de taille variable.

Description détaillée :
Le corps est approximativement ovale. Les bords du manteau* sont relativement plats et s’élèvent progressivement vers une crête dorsale longitudinale. La consistance du manteau est ferme, mais douce au toucher. La taille maximale documentée est de 5,5 cm, mais dans la mesure où elle vient d’un échantillon de trois spécimens seulement, elle pourrait être supérieure.

Le manteau est couvert de très nombreux tubercules* coniques coiffés d’une longue papille* effilée et rétractile ; les plus grands tubercules, qui se situent autour de la crête dorsale, peuvent porter plusieurs papilles. Tous sont reliés entre eux par un réseau dense de petites crêtes au profil bosselé. Chez certains individus, ces crêtes forment entre elles des cavités plus ou moins ovales ou losangées. La crête dorsale commence derrière les rhinophores*, progresse régulièrement en hauteur jusqu’aux deux tiers du corps, et s’achève par une descente sur laquelle se trouve le panache branchial, qui est orienté vers l’arrière. Elle est haute et large, avec des bords surélevés au profil échancré par des tubercules reliés par des crêtes.

Le fourreau des rhinophores est crénelé. Leur hampe est courte et elle est souvent cachée par le fourreau. La massue, en forme de pomme de pin, porte une petite extrémité tubulaire.
Le fourreau branchial est relativement court ; il est organisé en volants dont chacun abrite une branchie. Les branchies*, au nombre de six (parfois sept) sont tripennées*. Elles entourent l’anus, situé à l’extrémité d’un petit tube.

La couleur de fond est très variable (gris pâle, gris foncé, fauve, brune, beige, verdâtre, jaune), et généralement plus foncée sur la crête dorsale que sur les bords du manteau. Elle est plus ou moins largement couverte de traînées blanchâtres produites par le réseau de petites crêtes bosselées, dont les bords sont de cette couleur. Ces traînées sont plus ou moins organisées selon les individus : elles peuvent rayonner autour de la crête dorsale, former des groupes à peu près circulaires, ou être placées aléatoirement. Certains individus arborent des taches noires circulaires bien espacées réparties autour de la crête dorsale. Les papilles sont généralement blanches à translucides, mais certains individus présentent des papilles brunes au milieu des blanches.

Les rhinophores sont d’une teinte plus foncée que la couleur de fond, et parfois bruns quelle que soit cette couleur. Les crénelures de leur fourreau sont blanches. Les massues présentent des lamelles aux bords marqués de taches blanches. Leur extrémité tubulaire est blanche.

Les branchies sont touffues. Leur rachis présente une version délavée de la couleur de fond, et les tiges secondaires et tertiaires sont plus claires avec des taches brun foncé sur leurs bords. Les pinnules* (petites ramification des feuilles branchiales) sont blanchâtres avec de nombreuses petites taches brun foncé.
Le petit tube qui porte l’anus est blanc.

La couleur de la face ventrale et du pied est généralement une version délavée de la couleur de fond dorsale. Cette couleur est piquetée de nombreux points bruns de taille variable. On trouve parfois, à la périphérie du manteau, des zones grisées correspondant aux parties les plus foncées de la face dorsale vues par transparence. Le dessous du pied (la sole*) ne porte pas de taches brunes. Les individus jaunes sont particuliers en ceci que leur face ventrale, du même jaune vif que la face dorsale, est dépourvue de taches et que leur pied présente une fine bordure brune continue.

Espèces ressemblantes

La présence de longues papilles effilées sur de nombreux tubercules est une caractéristique de cette espèce dans son genre. Toutefois, des espèces d’autres genres à la morphologie générale proche présentent aussi des papilles, comme dans le genre Thordisa. Dans ce cas, le réseau dense de petites crêtes blanchâtres à profil bosselé présent chez Sclerodoris apiculata peut faire la différence.

Alimentation

L’espèce se nourrit d’éponges.

Reproduction - Multiplication

En dehors de l’anatomie du système reproductif, la biologie de la reproduction de l’espèce ne semble pas documentée à la date de publication de cette fiche (03/2024), à notre connaissance. Toutefois, tous les nudibranches sont hermaphrodites* simultanés et pratiquent la fertilisation* croisée (chaque individu produit des gamètes* des deux sexes et est à la fois inséminateur et inséminé, chacun émettant ses gamètes mâles pendant l'accouplement). La fécondation* est interne.

La ponte se présente comme un ruban de couleur crème à rose orangé, spiralé dans un sens anti-horaire et fixé sur le substrat*. L’extrémité supérieure du ruban dessine de nombreux volants, sa base forme un bourrelet aplati.

Des observations de pontes ont été faites à La Réunion d’octobre à mars 2010-2011, autrement dit pendant l’été austral.

Divers biologie

La face dorsale du corps est couverte de caryophyllidies*, mais leur densité est plus forte sur les bords du manteau que sur la crête dorsale, d’où elles peuvent aussi être absentes. Ces structures anatomiques de taille microscopique sont formées d’un tubercule porteur de cils sensoriels entouré ou non de spicules*. Ces spicules ne viennent pas des éponges consommées par l’espèce, mais sont produits par son organisme. La fonction de ces structures n’est pas clairement identifiée.

La capacité d’autotomie* n’est pas documentée chez Sclerodoris apiculata, mais dans la mesure où elle l’est chez Sclerodoris prea, il est probable que la sclérodoris à papilles en soit aussi capable.

On trouve souvent S. apiculata cachée sous une roche ou un débris corallien.

Informations complémentaires

Sclerodoris apiculata est généralement considérée comme une espèce peu commune.

L’espèce appartient à la famille des Discodorididés, qui comprend (à date de publication de cette fiche) 29 genres acceptés.

Origine des noms

Origine du nom français

Sclérodoris à papilles : adaptation du nom scientifique (voir l’origine du nom scientifique).
En l’absence de nom commun disponible, celui-ci est une proposition DORIS.

Origine du nom scientifique

Sclerodoris : du grec [sklēros], qui signifie « dur », et « doris », nom d’un genre de limaces de mer créé par Linné en 1758.
Le genre Sclerodoris est décrit en 1904 par le malacologiste anglais Charles Norton Edgecumbe Eliot (1862-1931) dans la troisième partie de On some nudibranchs from East Africa and Zanzibar (page 361). L’auteur ne justifie pas son choix de nom, mais il précise que la caractéristique qui le distingue du genre Dictyodoris est « the hard texture and raised reticulate pattern » (« la consistance dure et la disposition réticulée des reliefs »). Cette consistance motive probablement le nom du genre, qui signifie « Doris dure ».
L’espèce-type* est Sclerodoris tuberculata.
Le genre contient actuellement 12 espèces acceptées.

apiculata : du latin [apiculum], qui désigne le fil de laine qui se trouvait au sommet du bonnet de certains prêtres romains (les flamines).
L’espèce est décrite en 1864 sous le nom de Doris apiculata par les zoologistes anglais Joshua Alder (1792-1867) et Albany Hancock (1806-1873), dans une notice du volume 5 du journal scientifique Transactions of the Zoological Society of London, intitulée Notice of a collection of Nudibranchiate Mollusca made in India by Walter Elliot, with descriptions of several new genera and species, p. 122. Les auteurs ne justifient pas le nom d’espèce, mais ils mentionnent dans leur description des tubercules coniques dont chacun porte un filament. Ce sont donc probablement les papilles effilées présentes à l'extrémité de nombreux tubercules chez cette espèce qui motivent le choix de l’épithète spécifique.
La localité du type* est Waltair, autre nom de l’actuelle Visakhapatnam. Cette ville est un important port maritime de l’Andhra Pradesh, État situé au sud-est de l’Inde.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 209605

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Doridina Doridiens Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes.
Famille Discodorididae Discodorididés Forme aplatie ovale ou un peu rectangulaire. Pied plus petit que le manteau granuleux. Possibilité d’autotomie du bord du manteau. Présence de glandes à acide. Tentacules buccaux coniques ou digitiformes.
Genre Sclerodoris
Espèce apiculata

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