Pyrosome géant

Pyrostremma spinosum | (Herdman, 1888)

N° 4543

Eaux circumtropicales* chaudes et tempérées du globe

Clé d'identification

Colonie de couleur orangée en forme de tube translucide ouvert à un bout, pointu à l’autre
Longueur commune de 20 à 50 cm (jusqu’à 20 m)
Tunique cartilagineuse couverte de petites épines
Organisme bioluminescent
Solitaire ou en banc (essaims)

Noms

Autres noms communs français

Pyrosome épineux

Noms communs internationaux

Giant fire salp (GB), Riesenfeuerwalze (D), Águila colorada (E)

Synonymes du nom scientifique actuel

Pyrosoma excelsior Perrier 1886
Pyrosoma spinosum
Herdman, 1888
Propyrosoma spinosum
(Herdman, 1888)
Pyrosoma sedentarum
Sebastian, 1971

Distribution géographique

Eaux circumtropicales* chaudes et tempérées du globe

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes

C'est une espèce pélagique* qui occupe tous les océans de 40° Nord à 45° Sud.

D’importantes colonies de P. spinosum ont été observées de l’Australie à la Nouvelle-Zélande.

De part sa distribution géographique cette espèce doit être présente régulièrement dans des eaux françaises mais elle n'y a jamais été observée officiellement (espèce absente des inventaires du MNHN) ni photographiée. C'est dire si le premier témoignage accompagné d'une photo sera le bienvenu ... Ouvrez l’œil, il s'agit de plus d'une espèce géante !

Biotope

Les pyrosomes fréquentent normalement les grandes profondeurs. On pense qu'ils sont les plus abondants entre 800 et 1000 mètres. Périodiquement, les colonies remontent jusqu'à la surface des eaux tempérées à chaudes et on peut alors assister à certaines périodes à des pullulations de pyrosomes.
Ces migrations verticales seraient journalières.
Ces organismes sont normalement typiques du grand large, de la pleine mer, mais il arrive que certaines colonies se retrouvent près des côtes.

Description

Pyrostremma spinosum est un Thaliacé pélagique* vivant en colonie. Sa longueur est le plus souvent comprise entre 20 et 50 cm. On observe aussi des individus pouvant atteindre 10 m de long pour un diamètre de 1,20 m et peut même parfois atteindre près de 20 m de long. La colonie a la forme d'un tube translucide de couleur orangée ou rougeâtre ouvert à un bout, pointu à l’autre. Ce tube, mou, fragile, a un aspect gélatineux. Toute la surface de la colonie porte de petites épines pointues courtes donnant un aspect écailleux tout à fait différent des autres espèces de Pyrosomes.

Quand la colonie est intacte un long filament semblable à un fouet part du bord de l’extrémité ouverte. La longueur de ce filament peut approcher celle de la colonie.

La colonie est constituée de nombreux individus (plusieurs centaines) : les zoïdes* (ou ascidiozoïdes*) imbriqués perpendiculairement dans une tunique semi-rigide. Chaque individu est analogue à une petite salpe dont la tunique cellulosique serait commune à toute la colonie. Chaque ascidiozoïde possède un siphon* inhalant* tourné vers l'extérieur du manchon et un siphon exhalant tourné vers l'intérieur, et qui débouche donc dans la cavité générale de la colonie, l'atrium*.

L’épaisseur de la colonie, donc des zoïdes, est de l’ordre du centimètre. La surface interne du tube est lisse.

En moyenne un zoïde de P. spinosum mesure 7 mm de long. Son pharynx* (ou cavité branchiale) comporte 29-30 barres branchiales, 40-50 stigmates* obliques, et 6 à 8 languettes. Le siphon branchial est entouré de plus de douze tentacules*, ceux qui sont ventraux étant plus longs que les autres.

Espèces ressemblantes

Il existe plusieurs genres de pyrosomes, et plusieurs espèces, toutefois la plus commune est le pyrosome atlantique.

Pour les distinguer :

  • Dans le genre Pyrosoma, seule l'espèce Pyrosoma atlanticum peut être de grande taille ; les autres ne dépassent pas 12 cm de long (P. ovatum Neumann 1909, P. ahernosium Seeliger, 1895, P. godeauxi van Soest, 1981). Chez Pyrosoma atlanticum la surface de la colonie présente de grands appendices . Cette espèce est en forme de manchon tubulaire et d’aspect « velu ». Elle peut mesurer de quelques centimètres à plus d'un mètre, et jusqu'à 15 cm de diamètre.
  • Dans le genre Pyrostremma : P. agassizi (Ritter & Byxbee, 1905) ne dépasse pas 50 cm et est aplatie, les zoïdes sont rouges (l’espèce P. vitjasi (Ivanova-Kazas, 1960) serait un synonyme de cette dernière mais cela doit être confirmé par les spécialistes).
  • Dans le genre Pyrosomella, les 2 espèces connues ne dépassent pas 12 cm : P verticillata Neumann, 1909, en forme de doigt ou ovale, P. operculata Neumann, 1908 est oblongue et un peu opaque.

Alimentation

Les Pyrosomes sont des filtreurs* microphages* et se nourrissent essentiellement de micro- et nanoplancton*. Ils consomment du phytoplancton* (comme les Haptophycées = Coccolithophoridées, les Chrysophycées, et les Diatomées), des Dinoflagellés, des bactéries, des Radiolaires* et des Tintinnides.

L'eau pénètre par le siphon buccal (ou siphon inhalant) de chaque individu, situé sur la face externe de la colonie, passe sur le filtre branchial où les particules alimentaires et l’oxygène sont retenus, puis ressort de chaque individu par le siphon cloacal (ou siphon exhalant), qui débouche dans la cavité interne de la colonie. Dès leur ingestion, les particules alimentaires sont engluées dans un mucus sécrété par l’endostyle* (structure spécialisée du filtre). Ce mucus forme un cordon et est conduit avec les particules capturées vers la bouche. L’eau ingérée lors de l'alimentation est ensuite expulsée par l'ouverture postérieure, générant un jet d'eau qui propulse la colonie.

Lorsque les pyrosomes pullulent, ils rejettent des quantités très importantes de boulettes fécales, qui ont un rôle très important dans l'enrichissement en carbone des fonds océaniques.

Reproduction - Multiplication

Les zoïdes de Pyrostremma spinosum sont hermaphrodites*. Dans une même colonie, les premiers ascidiozoïdes sont protandres*. Une fois fécondé, l’œuf riche en vitellus*, tombe dans la cavité générale maternelle où il se transforme en oozoïde* asexué (le cyathozoïde) sur lequel sont produits, par bourgeonnement, 30 à 80 premiers individus de la future colonie (les ascidiozoïdes primaires). Ils sont disposés irrégulièrement et forment le pôle fermé du futur manchon colonial. Ces jeunes colonies en forme de dôme sont libérées en pleine eau. Les ascidiozoïdes vont alors bourgeonner par leur stolon* de nouveaux individus (les ascidiozoïdes secondaires) qui ont à la fois une reproduction sexuée et une reproduction asexuée, laquelle assure la croissance de la colonie. Ce mode de reproduction peut parfois conduire à la formation de gigantesques essaims de pyrosomes.
Le stade qualifié de tétard des ascidiacés est absent, il n’y a pas de formation des rudiments de la corde* et de la queue.

Vie associée

Les pyrosomes hébergent de nombreux parasites ou commensaux.
Dans les colonies ont été observés des crevettes pénéides (comme Solenocera membranacea Risso, 1816, Funchalia sp.), et des copépodes parasites de la famille des Sapphirinidés. Des crustacés amphipodes hyperidés (Phronima, Phronimella) élisent domicile dans des tronçons ou de jeunes colonies et les adaptent à leurs besoins en se nourrissant de la substance de la tunique et des zoïdes.

Divers biologie

Les pyrosomes sont consommés par un nombre important d'espèces de vertébrés pour lesquelles ils peuvent représenter un apport important.
Ils jouent un rôle majeur dans les réseaux trophiques de plusieurs zones océaniques ainsi que dans les cycles biogéochimiques globaux.
Les pyrosomes sont consommés par des tortues (3 espèces, parmi lesquelles la tortue luth), des poissons (62 espèces dont des carangues), des albatros (2 espèces) et une espèce de lion de mer.

Ces colonies sont très fragiles et souvent observées en morceaux. Elles peuvent être brisées par l’action des vagues. Des observations de grandes colonies ont donc été effectuées à des profondeurs situées en dessous du niveau d’action des plus fortes vagues, jusqu’à une profondeur de 40 m.

Toutes les colonies flottent généralement passivement et sont entraînées par les courants. Toutefois elles peuvent se déplacer grâce à l’eau aspirée par le siphon inhalant (orifice externe), rejetée par le siphon exhalant (orifice interne) à l’intérieur du tube qui communique avec l’extérieur. L’ensemble crée un courant régulier qui permet à la colonie de se propulser dans l’eau. Les colonies ne peuvent se déplacer que dans une seule direction (pas de marche arrière). Les pyrosomes sont les seuls animaux marins connus qui utilisent le jet d’eau continu comme moyen de propulsion.

La colonie est capable de bioluminescence*. Deux organes luminescents sont présents dans le pharynx de chaque ascidiozoïde. Si l’on touche la colonie, une onde de lumière bleue s’y propage. Chaque individu réagit à la lumière du voisin en s’illuminant à son tour : la vague lumineuse se propage ainsi dans toute la colonie. Chaque zoïde possède lui-même un photorécepteur.
Les ascidiozoïdes utiliseraient la bioluminescence pour communiquer entre eux d'un bout à l'autre de la colonie : face à un obstacle, ceux qui sont situés à la pointe du manchon se mettent à briller, et une onde lumineuse parcourt la colonie qui stoppe alors sa progression.
Ces éclairs lumineux sont de plus fortement dissuasifs pour les prédateurs.

Informations complémentaires

En mer de Tasmanie, les plongeurs attendent la nuit pour profiter de la bioluminescence. Ils se placent à l’entrée du tube et, par jeu, le touchent légèrement pour déclencher une vague lumineuse qui se propage à l’ensemble de la colonie.

Origine des noms

Origine du nom français

Pyrosome est directement dérivé du nom de genre scientifique qu'il avait auparavant Pyrosoma.

Géant car sa longueur et son diamètre peuvent être impressionnants.

Origine du nom scientifique

Pyrostremma : pyros, du grec [pyr] = feu en raison de sa bioluminescence et stremma du grec [stremma-] = chose tordue, déchirée, donc peut-être par allusion au fait que cet organisme soit rarement récolté en entier.

spinosum du latin [spinosus] = épineux, couvert d’épines : les petites pointes à l’extérieur portées par les zoïdes.

Et pour les autres genres et espèces proches :

Pyrosoma : pyros du grec [pyr] = feu et soma du grec [som-] = corps, donc corps de feu, allusion à la bioluminescence.

Pyrosomella : le suffixe –ella- est un diminutif.

agassizi : dédié certainement à Alexander Emmanuel Agassiz, 1835-1910.

ahernosium : a privatif et du latin [hernosius] = qui a une hernie, donc sans hernie !

godeauxi : espèce dédiée au professeur J. Godeaux de l’Université de Liège en remerciement pour ses travaux sur les tuniciers pélagiques.

operculata : du latin [operculum] = couvercle, opercule et le suffixe précise un action donc : operculé, il y a à la sortie du cloaque un rabat ou clapet.

ovatum : du latin [ovatum] = qui a la forme d’un œuf.

verticillata : du latin [verticillus]= peson de fuseau, mais en fait de verticille*, donc pourvu d’un verticille.

vitjasi : les premières récoltes de l’espèce Pyrostremma vitjasi ont été effectuées lors d’une expédition océanographique avec le R.V. Vitjas ou Vityaz, navire océanographique russe en1959-1960.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Urochordata / Tunicata Urochordés / Tuniciers Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires).
Classe Thaliacea Thaliacés Tuniciers pélagiques qui ont perdu leur chorde larvaire. Organismes transparents libres et planctoniques, les siphons buccal et atrial sont terminaux et diamétralement opposés.
Ordre Pyrosomida Pyrosomides Colonies luminescentes de quelques centimètres à plusieurs mètres, en forme de tube creux fermé à une extrémité.
Famille Pyrosomatidae Pyrosomatidés 3 genres.
Genre Pyrostremma
Espèce spinosum

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