Porcelaine-carte

Leporicypraea mappa | (Linnaeus, 1758)

N° 2075

Mer rouge, océan Indien et Pacifique Ouest

Clé d'identification

Coquille de forme globuleuse, entre 60 et 90 mm
Coquille dans les tons de beige avec de nombreuses lignes fines sombres et points
Une ligne transversale large, claire et irrégulière
Motif de la coquille évoquant une carte ancienne
Manteau translucide hérissé de courtes papilles touffue claires
Pied blanc à brun clair

Noms

Autres noms communs français

Porcelaine mappa, porcelaine carte

Noms communs internationaux

Map cowrie (GB), Porcellena mappa (I), Landkarten-Kaurie, Landkarten-Porzellanschnecke (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Cypraea mappa Linnaeus, 1758
Mauritia mappa (Linnaeus, 1758)
Cypraea alga Perry, 1811
Cypraea montosa Roberts, 1870
Cypraea cinereoviridescens Bouge, 1961

Un grand nombre de "sous-espèces" de Leporicypraea mappa (outre L. mappa mappa) sont répertoriées dans la littérature et agréées par certains auteurs.
Parmi celles-ci et par ordre alphabétique :
Leporicypraea mappa admirabilis Laurenz, 2002
Leporicypraea mappa aliwalensis Laurenz, 2002
Leporicypraea mappa alga (Perry, 1811)
Leporicypraea mappa cinereoviridescens (Bouge, 1961)
Leporicypraea mappa geographica (Schilder & Schilder, 1933)
Leporicypraea mappa montosa (Roberts, 1870)
Leporicypraea mappa montrouzieri (Dautzenberg, 1903)
Leporicypraea mappa panerythra (Melvill, 1888)
Leporicypraea mappa rewa Steadman & Cotton, 1943
Leporicypraea mappa subsignata (Melvill, 1888)
Leporicypraea mappa viridis Kenyon, 1902
Notons a contrario que d'autres auteurs considèrent L. mappa comme une espèce monotypique.
Il règne donc un certain flou sur la validité de ces taxa et pour simplifier, nous avons ici sciemment choisi de ne traiter que le taxon générique Leporicypraea mappa.

Distribution géographique

Mer rouge, océan Indien et Pacifique Ouest

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

La porcelaine-carte se rencontre (selon les variantes considérées) en mer Rouge, dans tout l'océan Indien (elle est présente à Mayotte et à la Réunion) ainsi que dans l'ouest de l'océan Pacifique (notamment en Polynésie française).

Biotope

L'espèce vit dans les trous des rochers ainsi que sous les plaques madréporaires des zones infra-littorales*. On peut généralement la trouver entre 1 et 50 m.

Description

La porcelaine Leporicypraea mappa a une coquille bombée, oblongue, plus large à l'arrière que devant (forme ovée allongée). La taille moyenne de la coquille varie entre 60 et 90 mm mais peut atteindre 100 mm. Ses extrémités sont plutôt bien arrondies et courtes, légèrement pincées.

La couleur générale de la coquille varie autour du beige clair, crème. La coquille est recouverte de fines lignes axiales brunes irrégulières, interrompues, ainsi que de points, le tout maculé de taches arrondies plus claires. On observe la présence typique d’une ligne transversale claire, large, ondulée et ramifiée, très irrégulière. L’ensemble de ce motif est comparable au dessin de certaines cartes antiques (d'où le nom vernaculaire*). Les marges latérales de la coquille sont tachetées. Sur certains spécimens, on note la présence d’une grosse tache sur le côté columellaire*.

La partie ventrale, légèrement convexe
et qui montre l'ouverture étroite par laquelle passe le pied de l'animal, peut être de diverses couleurs : du blanc au marron en passant par les teintes de crème ou du violet clair. Certains individus portent une grosse tache basale, notamment vers Tahiti ou la Nouvelle-Calédonie.
Les lèvres (ou labre*, formant les bords de l'ouverture ventrale) sont fines avec des dents de chaque côté. Celles du côté extérieur sont assez courtes alors que celles de la lèvre intérieure sont plus nombreuses, plus marquées et s'enfoncent dans l'ouverture.

Le manteau*
de Leporicypraea mappa est assez translucide, ce qui fait que les motifs de la coquille sont visibles même quand ce manteau est déployé. Il porte quelques petites excroissances blanchâtres, disséminées principalement vers la base.

Quand l'animal lui-même est visible, en partie sorti de sa coquille, on observe surtout les deux tentacules sensoriels de la tête et un pied blanc cassé à beige-rosé (des sources littéraires le disent parfois tacheté).

On peut évoquer une certaine variabilité chez les individus, selon les régions géographiques notamment. En effet, certaines porcelaines-cartes voient la forme de leur coquille, l'épaisseur des marges ou leur ponctuation, le motif dorsal ou la couleur des dents, subir quelques modifications. Nous ne rentrerons pas ici dans le détail des variations à l'intérieur de ce "complexe mappa" (voir supra : "Synonymes courants du nom scientifique") et nous nous en tiendrons à l'espèce-type.

Espèces ressemblantes

La forme prototypique de la porcelaine-carte se reconnaît facilement. Ce sont les variations de L. mappa qui peuvent éventuellement poser questions avec d'autres Cypréidés bruns à taches claires.
Citons par exemple :

  • Cypraea mauritiana Linnaeus, 1758 : coquille brune à nombreuses taches crème et aux bords brun foncé, parfois tachetés. Commune, elle vit dans les zones battues.
  • Naria erosa Linnaeus, 1758 : coquille brune à marron, ornée de nombreuses petites taches rondes gris bleuté.
  • Monetaria caputserpentis Linnaeus, 1758 : coquille brun-chocolat avec des taches blanches sur le dôme. La base est noire. Le manteau est grisâtre. On la trouve dans les zones de ressac et de houle.
  • Mauritia arabica Linnaeus, 1758 : coquille brune, possédant de nombreuses petites taches blanches. La marge claire a aussi des taches brunes plus grosses. Les dents sont rouges. Dimensions plus grandes.
  • Mauritia maculifera Schilder, 1932 : coquille brune avec de gros points crème. Base tachetée comme un léopard ainsi qu’une fine ligne transversale, plutôt régulière.

Alimentation

Leporicypraea mappa est considérée comme une espèce "omnivore nettoyeuse". En effet, elle semble brouter des micro-organismes végétaux et animaux grâce à sa radula*, sorte de bande râpeuse adaptée à son régime alimentaire.

Reproduction - Multiplication

Chez les porcelaines, les sexes sont séparés, la reproduction demande copulation et la fécondation est interne.
Les capsules ovigères sont déposées par la femelle sur le substrat. La femelle reste sur sa ponte pour la protéger des prédateurs.

Vie associée

Parmi les prédateurs de porcelaines, on trouvera certains poissons du récif à la mâchoire redoutable, des poulpes, des gastéropodes comme des cônes, certains crustacés et bien sûr... l'homme.

Divers biologie

Le manteau des porcelaines, c'est le cas de la porcelaine-carte, a un rôle très important. Elle l’utilise pour sa croissance et pour "nourrir" sa coquille. Le manteau est une fine enveloppe tissulaire appartenant au corps du mollusque. En cas de danger, la porcelaine-carte rentre ce fragile tissu à l'abri dans la robuste coquille.
Le manteau possède sur sa bordure les cellules qui, à partir d'éléments organiques présents dans l'eau, sécrètent les éléments chimiques (notamment le conchiolin, la calcite, l'aragonite, des composés de macromolécules organiques complexes…) qui vont fabriquer la coquille principalement composée de carbonate de calcium.
Ce manteau va pouvoir passer sur la coquille pour fabriquer la couche la plus externe de celle-ci, la seule qui se voit chez les porcelaines. Ceci est utile tant pour le développement en taille de la coquille que pour son entretien et les éventuelles réparations. Le manteau donne aussi l’aspect brillant et lisse à la coquille.

Les motifs sur la coquille des différentes espèces restent un mystère dans leur destination. Et il est difficile de dire quel bénéfice tire le mollusque d'un tel talent artistique. Est-ce un but aposématique* ? mimétique* ? un atavisme de l'espèce sans raison pratique ? Toujours est-il que le mécanisme mis en jeu dans cet "art graphique" est surprenant : ce sont des cellules sur le bord du manteau qui distribuent les pigments colorifères extraits de l'alimentation et véhiculés par la circulation du sang (carotène pour les pigments jaunes à orange, mélanine pour le brun et le noir, porphyrine pour les rouges, etc...). Pour respecter le motif, ces cellules savent se déplacer sur le bord du manteau, dans un sens ou dans l'autre. Elles peuvent ainsi "naviguer" autour de leur position initiale, interrompre leur travail puis le reprendre plus loin...

La porcelaine-carte évite généralement la lumière mais n’est pas pour autant uniquement nocturne. On peut en effet la rencontrer de jour.

Certains (rares !) représentants de Leporicypraea mappa (quelques autres espèces aussi sont concernées) montrent une modification très spéciale de leurs couleurs. Ce sont les porcelaines "niger". En effet, des juvéniles apparemment "normaux" vont avoir tendance à muter avec l'âge, en forme et en coloration. Chez ces individus, la couleur va notablement s'assombrir jusqu'à pouvoir devenir carrément noire ! Parfois quelques caractéristiques de forme peuvent également se modifier... La raison de ces anomalies ponctuelles ne sont pas clairement identifiées (caractéristiques environnementales ? Stress ? Présence de métaux lourds dans le milieu ? Pathologie ?).

Informations complémentaires

Les porcelaines font partie des coquillages réputés pour avoir servi de monnaie d'échange dans les peuplades primitives.µ

Les collectionneurs sont nombreux à posséder cette espèce de porcelaine. La mappa fait en effet partie des cyprées "de base" dans le monde des collections. Impossible à ce sujet de passer sous silence le cas de la mappa niger et rostrée, endémique de certaines zones de Nouvelle-Calédonie. Cette porcelaine peut devenir entièrement noire. Véritable coqueluche des collectionneurs, qui arguent de sa beauté particulière, elle peut s'échanger à des prix très élevés. La demande a ainsi rendu aujourd’hui Leporicypraea mappa de plus en plus difficile à rencontrer, sous l’eau.

La poste de Nouvelle-Calédonie a émis, en 1970, un timbre représentant la porcelaine-carte. L'espèce illustre également plusieurs autres timbres d'autres pays.

Origine des noms

Origine du nom français

Porcelaine : de l'italien porcellana, issu du latin [porcella] = jeune truie ! L'ouverture basale de ces coquillages ressemblerait à une vulve de truie. Par ailleurs, on peut noter que c'est le nom de la vaisselle en porcelaine qui est issu du nom de ces coquillages et non l'inverse.

carte : ce sont les motifs présents sur le dos de la coquille, faisant penser au dessin d'une carte ancienne, qui ont inspiré le nom vernaculaire de cet animal.

Origine du nom scientifique

Leporicypraea : vient du latin [lepos, leporis] = charme, grâce ; et de Cypris, l'un des noms de Vénus.
Notons que Cypris a également donné Chypre. Comme le cuivre était abondant à Chypre (Chypre alimente le marché mondial en cuivre depuis la fin du troisième millénaire avant Jésus-Christ), l'île a très probablement donné le mot cuivre (cyprium) (hypothèse à confirmer). L'île de Chypre a été dédiée à Vénus. Comme le genre Cypraea et ses dérivés.

mappa
: du latin [mappa] = serviette, nappe. Comme dans mappemonde qui veut signifier "nappe du monde", au sens de dessin, carte qui couvre le monde. C'est le motif de la coquille qui a incité l'auteur à nommer ainsi cette espèce.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Littorinimorpha Littorinimorphes
Famille Cypraeidae Cypréidés

Coquille ventrue ou piriforme, conique, ovoïde, globuleuse, fusiforme ou presque cylindrique, coloration variable, souvent avec des bandes transversales.Callosité au niveau de l'apex. Ouverture étroite avec des dents. couche d'émail épaisse, brillante. D'après Lindner 2011:81

Genre Leporicypraea
Espèce mappa

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