Fenestruline de Malus

Fenestrulina malusii | (Audouin, 1826)

N° 2010

Méditerranée, Atlantique Nord-Est, Manche, mer du Nord (cosmopolite ?)

Clé d'identification

Petite colonie de bryozoaire encroûtant et discret
Fin duvet de lophophores incolores
Logettes calcifiées bien individualisées, blanc argenté et d'aspect vernissé
Pores marginaux et suboraux étoilés (observation microscopique)
Ascopore central dentelé et en croissant (observation microscopique)
Ovicelle globuleuse, lisse, à bord distal typiquement crénelé (observation microscopique)

Noms

Autres noms communs français

Cellépore de Malus (nom proposé par Audouin), boîte à malus (nom proposé par Radar)

Synonymes du nom scientifique actuel

Cellepora malusii Audouin, 1826
Microporella malusii Hincks, 1880

4 sous-espèces ont également été rapportées :
Fenestrulina malusii incompta Gordon, 1984
Fenestrulina malusii malusii
Fenestrulina malusii pulchra Gordon, 1984
Fenestrulina malusii umbonata

Distribution géographique

Méditerranée, Atlantique Nord-Est, Manche, mer du Nord (cosmopolite ?)

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Fenestrulina malusii est présumé être une espèce cosmopolite (?) dont la répartition exacte n'est pas connue avec précision. Elle est bien connue de l'ensemble de la Méditerranée occidentale et de l'Adriatique jusqu'aux îles Britanniques et à l'ouest de la Norvège. Des colonies ont également été rapportées en Californie entre 5 et 25 mètres de profondeur, ainsi qu'à proximité de l'île Zavodovski (île volcanique inhabitée de l'archipel des îles Sandwich du Sud, limite Atlantique Sud et océan Austral) entre 150 et 200 mètres de profondeur, ou encore en mer Rouge. Toutefois, les identifications hors des côtes européennes semblent devoir être revues et réattribuées à d'autres espèces proches, y compris celle d'Égypte d'Audouin et qui a servi d'espèce-type* du genre.

Biotope

En Méditerranée cette espèce abonde de 40 à 80 mètres de profondeur, elle est commune des premiers mètres à 100 mètres, et peut descendre jusqu'à 300 mètres où les colonies sont rares et de petite taille. Une observation en eau saumâtre a également été signalée en Italie.
Elle s'installe sur les coquilles vides, les pierres, les algues calcaires et autres algues comme les laminaires profondes (dont les algues brunes Macrocystis pyrifera et Agarum fimbriatum), les concrétions diverses, les ascidies ou les bryozoaires morts.

Description

Fenestrulina malusii est un bryozoaire formant des colonies circulaires encroûtantes de taille habituellement modeste de l'ordre du centimètre de diamètre et de couleur blanc argenté. La forme de la colonie peut toutefois varier selon les irrégularités du substrat*. Ainsi, certaines colonies perdent souvent leur partie centrale pour ne former qu'un anneau ou un croissant.
Les colonies sont formées de plusieurs séries d'individus (zoïdes*) organisés sur un seul plan, leur épaisseur est ainsi très faible et le fin duvet de lophophores* incolores masque les logettes calcaires chez les colonies actives. Il n'est donc pas aisé d'identifier cette espèce sans prélèvement et observation microscopique.

Voir la rubrique "Divers biologie" pour la description microscopique.

Espèces ressemblantes

Fenestrulina joannae (Calvet, 1902) vit moins profond entre 5 et 30 mètres et principalement sur les feuilles vertes de posidonie. Les zoïdes* sont plus petits (longueur inférieure à 0,40 mm), porteurs d'un umbo* suboral proéminent et armés de 6 à 8 épines. Les trémopores* ne sont pas étoilés. Endémique* de Méditerranée.

Plusieurs espèces de bryozoaires encroûtants possédant des épines de taille et de position similaires peuvent être, sans observation microscopique, confondues avec Fenestrulina malusii, notamment en Méditerranée : Microporella ciliata (Pallas, 1766), Microporella pseudomarsupiata (Aristegui, 1984), etc.

Alimentation

Comme chez tous les bryozoaires, la nutrition est assurée par la capture de particules alimentaires (phytoplancton*, en particulier) par les tentacules* du lophophore*, dont la sortie est assurée par une augmentation de la pression du liquide interne, phénomène obtenu grâce à la compression musculaire.
Une fois la gaine du lophophore* dévaginée, un mouvement pendulaire et circulaire des tentacules ciliés* composant le panache de ce lophophore va permettre le brassage de l'eau environnante et favoriser ainsi la capture des micro-organismes composant le régime alimentaire de la colonie.
Ces animaux sont dits filtreurs* actifs c'est-à-dire, des filtreurs suspensivores* microphages*. Les diatomées* (algues unicellulaires) et les bactéries sont la base de l'alimentation de ce type de bryozoaire.

Reproduction - Multiplication

La croissance de la colonie se fait par bourgeonnement* périphérique de nouvelles zoécies*.
Les colonies sont fertiles quasiment toute l'année en Méditerranée où ovicelles*, embryons (jaune orangé) et larves* (jaune pâle) sont observés en toutes saisons. Les ancestrules* à 10 épines marginales ont été observées en janvier, avril et mai. En Manche (Roscoff), la reproduction a été observée en septembre et en octobre.
L'ovicelle se compose d'une paroi externe (ecto-oecium) non calcifiée et d'une paroi interne (ento-oecium) calcifiée, ces deux parois étant des excroissances de la paroi frontale du zoïde maternel. Le développement larvaire dans l'ovicelle dure 11-12 jours et un prochain œuf pénètre dans l'ovicelle peu de temps après la libération de la larve (formation larvaire continue).

Divers biologie

Description microscopique :
Colonie encroûtante à l'aspect brillant.
Colonie multi-sériée et unilamellaire.
Zoïdes* ventrus, grossièrement hexagonaux ou ovales, larges, réguliers, bien individualisés par un sillon inter-zoïdal et à l'aspect vernissé.
Taille moyenne approximative des zoïdes : 0,4 à 0,6 mm de longueur sur 0,3 à 0,4 mm de largeur.
Paroi frontale calcifiée, lisse, convexe, perforée uniquement par quelques trémopores* étoilés en périphérie et dans la région suborale.
Ouverture semi-circulaire à bord proximal rectiligne, munie de 2 à 4 épines orales inconstantes et parfois bifurquées.
Ascopore* denticulé, en forme de croissant et placé grossièrement au centre de la face ventrale.
Ovicelle* placée au dessus du zoïde (en distal), globuleuse, lisse, à bord distal typiquement crénelé.
Lophophore incolore à 13-15 tentacules.
Aviculaire* et umbo* absents.

Informations complémentaires

Fenestrilina malusii est l'espèce-type* du genre.
Le genre Fenestrulina a été créé (Jullien, 1888) pour les Microporellidés (Microporellidae) à trémopores étoilés et dépourvus d'aviculaires.

Origine des noms

Origine du nom français

Fenestruline de Malus est une proposition du site DORIS et une francisation du nom scientifique actuel.

Origine du nom scientifique

Fenestrulina : du latin, diminutif de [fenestra] = fenêtre, peut-être (?) en référence aux trémopores* ou à l'ascopore* caractéristiques du genre.

malusii : sans doute en l'honneur de Étienne Louis Malus, (1775-1812) qui a participé aux expéditions napoléoniennes en Égypte du temps d'Audouin.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 111418

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Bryozoa / Ectoprocta Bryozoaires / Ectoproctes Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette.
Classe Gymnolaemata Gymnolèmes Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins.
Ordre Cheilostomatida Cheilostomes Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…).
Sous-ordre Neocheilostomatina/Ascophora Ascophores Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore.
Famille Microporellidae Microporellidés Ouverture primaire semi-circulaire. Présence d'un ascopore proximal à l'ouverture et communiquant avec la poche compensatrice (régulateur de pression hydrostatique). Paroi frontale avec quelques pores épars. Ovicelle présente. Aviculaires et épines orales présents ou absents.
Genre Fenestrulina
Espèce malusii

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