Faceline douteuse

Facelina dubia | (Pruvot-Fol, 1948)

N° 3264

Méditerranée et Atlantique Nord-Est

Clé d'identification

Tentacules buccaux très longs, recourbés et mobiles tachetés de blanc opaque
Rhinophores lisses aux extrémités arrondies
Corps translucide avec nuances orangées sur la tête et autour de la bouche
Glande digestive grise, marron ou noire
Cérates très longs et élancés, mouchetés de blanc

Noms

Noms communs internationaux

Facelina dubbia (I)

Distribution géographique

Méditerranée et Atlantique Nord-Est

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]

Facelina dubia est présente en Méditerranée sur les côtes adriatiques et en Sardaigne.
Sur les côtes françaises on la rencontre dans l’étang de Thau.
En Atlantique elle est connue dans le golfe de Gascogne et au sud-ouest de l'Irlande. La description initiale a été faite à Arcachon.

Biotope

La faceline douteuse vit dans la zone infralittorale* peu profonde. On l'observe à des profondeurs inférieures à 10 m. Elle fréquente les fonds sableux ou vaseux, mais aussi les substrats* durs colonisés par des hydraires dont elle se nourrit. On la rencontre également à proximité des herbiers de Zostera marina.

Description

Cette faceline peut mesurer jusqu'à 40 mm de longueur. Son corps large est recouvert de nombreux cérates* très longs et élancés qui peuvent atteindre la moitié de la longueur du corps. Le métapode* très court est rarement visible car entièrement dissimulé par les cérates. Il porte une ligne médiane blanche.
Le corps est translucide et on peut observer des nuances orangées sur la tête et autour de la bouche. Les individus de grande taille présentent une pigmentation plus marquée que les juvéniles. La surface dorsale et la tête peuvent être mouchetées de taches blanches.

A travers les cérates, mouchetés superficiellement de points blanc opaque, on distingue par transparence les prolongements de la glande digestive, gris, marron ou noirs. Leur couleur varie en fonction des aliments ingérés. Les extrémités des cérates sont blanches ou jaunâtres.

Les tentacules* buccaux, très longs, recourbés et mobiles sont recouverts de blanc opaque. Comme les cérates, ils peuvent atteindre la moitié de la longueur du corps.

Les rhinophores* sont lisses, plus courts que les tentacules buccaux, avec des extrémités arrondies. Souvent on peut distinguer une ligne blanche dessinant comme une séparation entre les deux rhinophores.
L’œsophage rouge se devine à travers le tégument derrière les rhinophores.
Les tentacules pédieux, larges et tentaculiformes, sont cependant rarement visibles.

Espèces ressemblantes

Facelina bostoniensis (Couthouy,1838), mais celle-ci a les rhinophores annelés.

Facelina annulicornis (Chamisso & Eysenhardt, 1821) est entièrement ponctuée de multiples points blancs sur le corps et les cérates, sur un fond marron. Elle possède des cérates plus courts et des rhinophores avec lamelles inclinées.

Facelina auriculata (O.F. Müller,1776) possède des rhinophores annelés et des cérates plus courts, avec une iridescence bleue. La variante pâle peut être confondue avec F. dubia au premier abord, mais les rhinophores annelés chez F. auriculata permettent de lever le doute.

Cumanotus beaumonti (Eliot, 1906), mais celle-ci a les tentacules buccaux courts, des taches dorées semblables à des paillettes, sur la tête, sur le corps et sur les cérates. C’est une espèce rare.

Ces différentes espèces sont présentes, comme F. dubia, aussi bien en Méditerranée qu'en Atlantique Nord-Est (et même en Atlantique Nord-Ouest pour F. bostoniensis).

La variante pâle de Flabellina lineata, (Lovén, 1846) également présente à Arcachon, pourrait aussi être confondue, avec sa ligne blanche entre les rhinophores et le long des tentacules labiaux.

Alimentation

Comme la plupart des éolidiens, la faceline douteuse se nourrit d’hydraires, en particulier Ectopleura larynx, et également Tubularia indivisa. A défaut, elle peut se nourrir d’autres d’hydraires du genre Eudendrium.

Reproduction - Multiplication

Comme tous les mollusques opisthobranches, cette faceline est hermaphrodite* : elle possède les organes reproducteurs des deux sexes. Deux adultes matures sont nécessaires pour la fécondation. La papille* génitale se situe au-dessous du premier groupe de cérates, sur le côté droit. Les deux partenaires adoptent de ce fait une position tête-bêche pour s’accoupler, côté droit contre côté droit, en s’échangeant simultanément leurs spermatozoïdes*. Chacun est capable ensuite de pondre des œufs de son côté.
On observe les pontes en avril en Méditerranée, en août-septembre en Atlantique. Elles ont une forme spiralée, fortement ondulée. Elles sont déposées sur les hydraires dont se nourrit l’espèce ou à proximité immédiate. La taille de la ponte varie entre 20 et 30 mm de diamètre. Les œufs sont de petite taille : 100 micromètres, et leur éclosion a lieu 6 à 8 jours plus tard dans l’eau à 16 °C (Schmekel & Portmann, 1982).
Le développement larvaire est planctotrophique*.

Vie associée

On la trouve à proximité de ses proies : Ectopleura larynx et d’autres hydraires.

Divers biologie

Le corps des éolidiens est recouvert de cérates qui remplissent plusieurs fonctions. La respiration des éolidiens se fait de manière cutanée à travers la paroi très mince des cérates. Ces papilles dorsales augmentent largement la surface de contact et facilitent les échanges gazeux de la respiration. Elles ont aussi une fonction digestive car elles contiennent des extensions de la glande digestive. Chez Facelina dubia ces extensions sont bien visibles dans les cérates par transparence.
Les éolidiens peuvent aussi utiliser les cérates pour leur défense. Les cnidaires constituent le régime alimentaire des éolidiens et comme la plupart d’entre eux Facelina dubia est capable de récupérer les cnidocystes* immatures de ses proies. Ceux-ci sont ensuite stockés intacts à l’extrémité des cérates dans un organe spécialisé, le cnidosac* qui est directement connecté au système digestif. Agressée, Facelina dubia projette les cellules urticantes qui libèrent leur venin toxique. Ainsi, la limace est rendue immangeable pour un prédateur. Les cnidocystes ne peuvent servir qu’une seule fois. En broutant d’autres cnidaires la limace va reconstituer un nouveau stock. En cas de danger extrême les éolidiens sont capables d’abandonner une partie de leurs cérates pour détourner l’attention d’un prédateur. Ce moyen de défense s’appelle autotomie*. Toutes les limaces munies de cérates possèdent ce moyen de défense. Les cérates « auto-amputés » vont se régénérer par la suite. Beaucoup d’éolidiens sont capables d’associer plusieurs modes de défense : défense chimique, autotomie, fuite, etc.

Quand les mollusques opisthobranches sont pourvus de dents, celles-ci forment un ruban chitineux appelé radula* que l’on trouve dans la cavité buccale. Elle est l’élément indispensable dans l’identification de l’espèce car la forme des dents, leur nombre et leur agencement sont spécifiques d’une espèce donnée. La radula de Facelina dubia est unisériée, la dent a une forme en fer à cheval avec 6-8 denticules* à chaque côté de la cuspide* qui est peu proéminente. Les mâchoires sont puissantes et le bord masticateur porte une seule rangée de denticules.

Facelina dubia est une espèce cryptique*, la couleur de l’animal est semblable aux nutriments et au substrat sur lequel elle vit (fonds sableux, vaseux) permettant à l’animal de se dissimuler dans son milieu et passer inaperçu ou être totalement invisible. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles cette espèce est rarement observée.

Origine des noms

Origine du nom français

Faceline douteuse est la traduction directe du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Facelina vient du latin et désigne un aspect marqué de lignes. Ce terme a autrefois désigné les fagots dans lesquels Oreste aurait amené la statue de Diane de Scythie en Italie. Facelina est aussi le surnom de Diane en Sicile. L’adverbe latin facete concerne par ailleurs quelque chose d’élégant, de fin…

dubia vient du latin [dubitare] et signifie hésiter, douter… Il semble que la faceline douteuse ait été découverte à Arcachon par L. Cuénot, biologiste et généticien (1866-1951). Il hésitait à assimiler cette espèce à Facelina bostoniensis qui a une morphologie assez identique. On peut supposer que le choix du nom de l’espèce est en rapport avec ce doute. Mme Alice Pruvot-Fol en fit la description complète en 1948, en s'appuyant sur les notes et dessins laissés par Cuénot.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Cladobranchia Cladobranches
Famille Facelinidae Facelinidés Eolidiens au corps grêle, aux cérates groupés en faisceaux, sans pédoncule. En général tentacules pédieux, rhinophores à lamelles ou annelés.
Genre Facelina
Espèce dubia

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