Ascidie coloniale pourpre

Cystodytes dellechiajei | (Della Valle, 1877)

N° 428

Cosmopolite des mers tropicales et tempérées

Clé d'identification

Colonie encroûtante de moins de 10 cm
Zoïdes peu visibles, généralement en cercle
Couleur variable: pourpre, marron, vert, bleu...
C. dellechiajei regroupe sûrement plusieurs espèces

Noms

Noms communs internationaux

Compound ascidian, colonial ascidian, colonial seasquirt (GB), Tunicato (I), Ascidia colonial (E), Koloniebildende Seecheide (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Cystodites dellechiajei (Della Valle, 1877)
Cystodytes dellachiaiae (Della Valle, 1877)
Cystodytes dellachiajei (Della Valle, 1877)
Cystodytes dellechiaiae (Della Valle, 1877)
Distoma dellachiajei Della Valle, 1877
Distoma dellechiaie (Della Valle, 1877)
Distoma dellechiajei (Della Valle, 1877)
Distoma dellechiajiae (Della Valle, 1877)
Cystodites cretaceus Drasche, 1883
Cystodites durus Drasche, 1883
Cystodytes cretaceous Drasche, 1883
Cystodytes cretaceus Drasche, 1883
Cystodites draschii Herdman, 1886
Cystodites philippinensis Herdman, 1886
Cystodytes draschei Herdman, 1886
Cystodytes draschii Herdman, 1886
Cystodytes perspicuus Nott, 1892
Cystodytes aucklandicus Nott, 1892
Cystodytes violaceus Van Name, 1902
Cystodytes ceylonensis Herdman, 1906

Distribution géographique

Cosmopolite des mers tropicales et tempérées

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Cosmopolite des mers tropicales et tempérées, sa distribution est aussi eurybathique*, c'est à dire que cette ascidie coloniale peut être trouvée dès les premiers mètres jusqu'à de grandes profondeurs (spécimen collecté à 735 m, Monniot 1974). Elle a été identifiée dans les Caraïbes (des Bermudes à Panama), en Atlantique, dans le Pacifique et l'océan Indien. En Méditerranée, bien que partout présente, elle n'est que sporadiquement abondante. Ainsi on l'observe peu sur la côte d'Azur et devient commune à partir de la côte Vermeille et en Espagne.

Biotope

Espèce encroûtante des substrats* durs partiellement ombragés, elle est en compétition avec les nombreux autres habitants de ce biotope convoité (autres ascidies coloniales, éponges, algues calcaires, bryozoaires...).

Description

Cystodytes dellechiajei forme des colonies molles (50 à 100 mm de diamètre) en croûte de quelques millimètres d'épaisseur (5 à 20 mm), semblables à de petits coussinets aplatis plus ou moins anastomosés*. La fine tunique gélatineuse commune, relativement lisse au toucher, peut être de couleur extrêmement variable suivant la zone géographique, mais également, au sein d'une même zone géographique. Le plus souvent pourpre sur le littoral méditerranéen français, on rencontrera également des formes marron, vertes et bleues en Méditerranée occidentale et orientale. Cosmopolite, cette espèce sera retrouvée sous différentes couleurs dans d'autres secteurs géographiques comme les Caraïbes (miel) ou l'Indo-Pacifique (blanc translucide, jaune, violet...).
Les 2 siphons s'ouvrent à la surface de la colonie, ils sont souvent peu visibles. Les zoïdes s'organisent de façon rudimentaire. Ils sont généralement regroupés en cercle autour de l'ouverture cloacale commune (réunion des siphons exhalants). Entre ces groupes de zoïdes, il peut exister des zones lisses occupées par la seule tunique de la colonie.
La variabilité intra-spécifique est grande chez cette ascidie coloniale, particulièrement en ce qui concerne la couleur des colonies, la composition moléculaire et la chimie, ce qui suggère une révision du genre pour plusieurs auteurs. Mais, en Méditerranée, le nom de Cystodytes dellechiajei est traditionnellement conservé.

Description microscopique :
Les zoïdes sont longs et divisés en deux parties bien distinctes ; le thorax (les 2 siphons et le sac branchial) et l'abdomen (l'estomac et l'intestin). Ils sont complètement noyés dans la tunique. Les zoïdes sont particulièrement contractiles chez cette espèce. L'abdomen est entouré par une couche de spicules calcaires discoïdes dans laquelle tout le zoïde peut venir se cacher lorsque ce dernier vient à se contracter (en cas de diverses perturbations). Les spicules sont matérialisés par de petits points blanchâtres parfois visibles à travers la tunique. Le sac branchial est composé de 4 rangées de stigmates*, c'est une caractéristique du genre Cystodytes.

Espèces ressemblantes

La variabilité au sein d'une même espèce (intra-spécifique) est un phénomène habituel chez les invertébrés marins. Des variations très importantes peuvent apparaître au niveau de la taille, de la couleur, de la texture, de la forme générale, de la chimie et des autres caractéristiques de l'animal. Cette variabilité de l'espèce pose souvent un problème au sujet de son statut taxonomique.
Cystodytes dellchiajei, supposée cosmopolite, présente plusieurs morphotypes* qui diffèrent entre eux par la couleur (15 teintes différentes répertoriées!), la composition des spicules (4 types de spicules répertoriés!) et la composition des métabolites secondaires. C'est pour ces raisons qu'il existe une certaine controverse pour savoir si C. dellechiajei représente une seule ou plusieurs espèces en Méditerranée et dans les autres zones de distribution (Caraïbes, Indo-Pacifique).

Eudistoma reginum, Polycitoridae, rencontré dans l'Indo-Pacifique, a un aspect semblable et sa couleur est généralement pourpre soutenu.

Eudistoma hospitale, Polycitoridae, rencontré dans l'Indo-Pacifique, forme de large plaque encroûtante sur les coraux. Sa couleur peut être pourpre, marron...

Cystodytes violatinctus, Polycitoridae, rencontré dans l'Indo-Pacifique dans les petits fonds coralliens, est parfaitement identique pour le plongeur à C. dellechiajei (forme pourpre)!

Cystodytes multipapillatus, Polycitoridae, rencontré dans l'Indo-Pacifique dans les très petits fonds coralliens, couleur mélangée marron et violette.

Cystodytes aucklandidus (synonyme non valide) Polycitoridae, rencontré dans l'Indo-Pacifique a pour sa part une large répartition géographique et est eurybathique*.

Alimentation

Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Les ascidies créent un courant d'eau (rentrant par les petits orifices inhalants individuels) grâce au mouvement des cils du pharynx pour attraper les particules en suspension (organismes suspensivores*). Ce courant est aussi utilisé pour les échanges gazeux. Les particules sortent par le siphon* exhalant.

Reproduction - Multiplication

La reproduction des ascidies coloniales présente une alternance de cycles sexués et asexués. Ces animaux sont hermaphrodites*, la fécondation est interne et le développement indirect.
Colonie sur les stolons qui ont passé l'hiver. C'est par la reproduction asexuée que se forme la colonie (bourgeonnement à partir de l'individu souche). Une étude faite en Méditerranée sur une période de vingt mois et portant sur les deux formes les plus abondantes (bleue et violette) montrent que les pics saisonniers de croissance et de reproduction de la forme violette, ont lieu, approximativement, deux mois plus tard que ceux de la forme bleue. D'autre part, le pic de reproduction est décalé du pic de croissance, ce qui montre que les ressources énergétiques disponibles sont consacrées à une seule action à la fois.

Reproduction sexuée :
La dispersion larvaire supposée minime favorise l'isolement génétique. Elle explique sans doute la présence fréquente de petits groupements de colonies isochromes* (de même couleur).

Reproduction asexuée :
De même que certaines éponges (Oscarella sp. ou Chondrosia reniformis), Cystodytes dellechiajei pratique aussi occasionnellement un mode de multiplication (dispersion) asexuée. Pour cela, elle forme des excroissances en forme de gouttes ou de filaments qui pendent sous les tombants de la colonie souche, puis à l'occasion de coup de mer (fortes turbulences) ces excroissances se détachent pour se disperser au gré des courants et se fixer plus loin si les conditions le permettent. On nomme ces éléments des "propagules" parce qu'ils permettent la "propagation" de l'espèce.

Vie associée

Les colonies sont propres, généralement sans épibionte*.

Divers biologie

Mécanisme de défense :
Les ascidies, et particulièrement Cystodytes dellechiajei, utilisent plusieurs mécanismes de défense pour limiter l'impact de la prédation et la lutte pour l'espace ; ils sont physiques (rigidité de la tunique et spicules) et chimiques (utilisation de métabolites secondaires comme l'ascididemine, concentration élevée de vanadium et un pH inférieur à 1). Cet animal fait tout de même l'objet de prédation de la part d'oursins (on retrouve les spicules calcaires dans les fées de Paracentrotus lividus), de nudibranches (Hypselodoris orsinii en Méditerranée, Coriocella sp. aux Caraïbes...) et de poissons (mers tropicales).

Cette espèce fait l'objet de recherches poussées au niveau moléculaire, ceci dans le domaine médical où la recherche de nouvelles molécules passe par l'étude de nombreux invertébrés marins dotés de mécanismes chimiques de défense. Parmi ces molécules découvertes chez C. dellechiajei, on peut citer la cystodamine à l'activité antibiotique (1992, mission en Tunisie), l'ascididemine, alkaloïde majeur de C. dellechiajei en Méditerranée qui est une molécule aux propriétés antibactériennes et antifongiques.

Origine des noms

Origine du nom français

Ascidie coloniale pourpre est une proposition du site DORIS, bien que sa couleur ne soit pas systématiquement pourpre.

Origine du nom scientifique

Cysto- : de [cyst(o)-] : poche gonflée, vessie.
-dytes : de [-dyte] ou [-dytique] = plonger, s'enfoncer.
dellechiajei : vient de Stefano [Delle Chiaje], 1794-1860, qui était un zoologiste, botaniste, anatomiste et physicien italien (Naples). [Micrura dellechiajei (Hubrecht, 1879), Amphiura chiajei Forbes, 1843, Cystodytes dellechiajei Della Valle, 1877].

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 103601

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Urochordata / Tunicata Urochordés / Tuniciers Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires).
Classe Ascidiacea Ascidies / Ascidiacés Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde.
Ordre Aplousobranchia Aplousobranches Ascidies coloniales.
Famille Polycitoridae Polycitoridés

Regroupe les principaux genres suivant : Eudistoma, Polycitor, Cystodytes.

Genre Cystodytes
Espèce dellechiajei

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