Cône astrologue

Conus chaldaeus | (Röding, 1798)

N° 4386

Indo-Pacifique

Clé d'identification

Coquille épaisse et conique à spire peu élevée
Taches noires allongées axialement sur fond blanchâtre
Stries spirales perpendiculaires à l’axe
Deux bandes spirales claires
Ouverture blanche à violacée

Noms

Autres noms communs français

Cône vermiculé

Noms communs internationaux

Vermiculate cone, worm cone, astrologer's cone, chaldean cone shell (GB), Wurmkegel, Wurm-conus (D), Apugan (Philippines)

Synonymes du nom scientifique actuel

Cucullus chaldaeus, Röding 1798
Conus chaldeus
(Röding, 1798) erreur d’écriture mais ce nom est parfois utilisé
Virroconus chaldaeus, Röding 1798
Conus vermiculatus, Lamarck 1822
Conus brunneus var pemphigus, Dall 1910
Stephanoconus brunneus pemphigus
(var.), Dall 1910

Distribution géographique

Indo-Pacifique

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

Conus chaldaeus fréquente les eaux de l'océan Indien et de l'océan Pacifique depuis la côte est de l'Afrique jusqu'à la côte ouest de l'Amérique du Sud. Il ne fréquente pas la mer Rouge ni les côtes de l'île de Pâques. En particulier, on le rencontre sur les côtes de Tanzanie, du Mozambique, d'Afrique du Sud, de Mayotte, de Madagascar, de La Réunion, des Seychelles, de l'île Maurice, de Thaïlande, du Vietnam, d'Indonésie, de l'archipel d'Okinawa, des Philippines, de Papouasie Nouvelle Guinée, d'Australie, de Nouvelle Zélande, de Polynésie, d'Hawai, et des Galapagos.

Biotope

Conus chaldaeus vit sur les récifs à faible profondeur parmi les débris coralliens, le sable ou les rochers. Il est communément rencontré sur les platiers coralliens de la zone intertidale*, et plus rarement dans la zone subtidale*.

Description

Ce petit cône de 20 mm à 59 mm de longueur, possède une coquille conique épaisse et une spire* peu élevée. Sur un fond blanchâtre, crème ou rosé, la coquille présente des taches noires ou brun foncé allongées axialement* et légèrement ondulées. Des stries spirales perpendiculaires à l’axe sont plus ou moins marquées. Deux bandes spirales claires sont présentes : la première, plus ou moins prononcée, est située au premier tiers de la coquille à partir de la partie antérieure ; la seconde est située au niveau de l’épaulement (bord anguleux). Les tubercules présents au niveau de l'épaulement sont émoussés. L'apex* est blanc, la ligne de suture présente des pointillés rosâtres.
L’ouverture, blanche à violacée, s’élargit vers la base. Le bord du labre* est noir.
Le périostracum* est jaune, fin, translucide et lisse.
Le corps de l’animal est marron clair à ocre rouge. Le dessus du pied est beige couvert de rose à ses extrémités. La partie antérieure présente une zone frontale massive rouge avec une grande tache noire bilobée. Une ligne de points noirs parcourt les côtés et la partie postérieure. Le dessous du pied est orné d'une fine ligne noire située à environ 1 mm du bord. Les tentacules* sont blancs.
Comme tous les cônes, le cône astrologue possède une trompe ou proboscis* située à l'intérieur d'un entonnoir musculeux extensible, appelé rhynchodaeum (voir le schéma). Le siphon et l'entonnoir musculeux extensible sont tachetés de noir ou de brun sur fond blanc. L'extrémité du siphon est massive et rouge. Elle est suivie de quelques points rouges sur fond blanc. Cette description de l'animal correspond à des spécimens de Papouasie Nouvelle-Guinée. A Hawaï ou aux Maldives, la coloration de l'animal diffère.
A Hawaï, le corps de l'animal est noir. Une large bande brun clair parcourt le dessous du pied. L'extrémité du siphon et de l'entonnoir musculeux extensible sont rouges. Aux Maldives, le dessous du pied est jaune rougeâtre, le bord est rouge. La ligne noire qui en orne le bord est discontinue sur la partie arrière.

Espèces ressemblantes

On peut confondre C. chaldaeus et Conus ebraeus qui partagent le même biotope* et peuvent être considérés comme des espèces sympatriques*. Ce dernier, de taille légèrement plus grande, possède trois à quatre lignes spirales de taches noires quadrangulaires sur fond blanc disposées en chevrons. Les rayures spirales sont plus fines et moins nombreuses que chez C. chaldaeus. La spire peu élevée est souvent érodée. C. chaldaeus est moins abondant que C. ebraeus et se rencontre plus souvent à la limite de son habitat, côté mer.

Alimentation

Conus chaldaeus est un cône vermivore qui se nourrit de vers annélides polychètes, en particulier des Eunicidés et Néréidés. Le régime varie selon l'habitat. Les espèces d’annélides polychètes le plus souvent consommées sont : Palola siciliensi , Platynereis dumerili, Ceratonereis mirabilis. Il n’ y a pratiquement pas de compétition alimentaire entre les deux espèces C. chaldaeus et C. ebraeus, malgré les similitudes au niveau de la coquille et de la morphologie des dents radulaires*.

Pour attraper sa proie, le cône développe son entonnoir musculeux extensible aussi largement que possible ainsi que son proboscis muni à son extrémité d'une dent radulaire contenant le venin. La dent est enfoncée dans la proie par le proboscis , et y reste plantée. Le venin agit rapidement. Il ne paralyse pas les proies, mais inhibe la réponse à la stimulation. Ainsi les proies ne peuvent échapper à leur prédateur. L’entonnoir musculeux extensible et la bouche se dilatent et la proie est engloutie puis digérée.

Reproduction - Multiplication

Les cônes ont des sexes séparés. Les mâles possèdent un pénis sur le côté droit en arrière du tentacule oculaire.

Ce cône pond des œufs dans des capsules ovigères* sous les blocs de corail. Ces capsules sont en forme de vasques ou de petites urnes aplaties et alignées. Elles sont blanches, translucides et arrondies. Dans chacune d’elles des centaines d’embryons se développent avant de s’évader par une ouverture. L'éclosion des œufs donne naissance à des larves* trochophores* planctoniques* qui donneront des larves véligères* en quelques jours, qui se métamorphoseront chacune en un jeune cône qui se posera ensuite sur le fond.

Vie associée

On trouve souvent cette espèce en compagnie de Conus ebraeus mais ces deux espèces ne sont pas associées.

De nombreux cônes peuvent être consommés par des poissons, des astéries, des crabes et des poulpes.

Des épibiontes*, comme des algues rouges calcaires encroûtantes, peuvent se développer sur la coquille.

Divers biologie

Conus chaldaeus fait partie des espèces les plus communes des platiers coralliens.

C'est un cône venimeux non mortel pour l’homme. Son appareil venimeux est composé de quatre organes principaux : la glande musculaire, le conduit à venin, le sac radulaire* et le complexe pharynx*-proboscis.
  • la glande musculaire ou glande de Leiblin se contracte pour expulser le venin.
  • le conduit à venin sécrète le liquide venimeux. Le venin y est synthétisé et stocké puis débouche au niveau du pharynx.
  • le sac radulaire renferme les dents radulaires constituées d’un tube de chitine* rigide dans lequel le venin peut s’écouler. Les dents radulaires sont prêtes à l’utilisation.
  • le proboscis est capable de s’invaginer pour prélever et fixer une dent à son extrémité puis de se dilater jusqu’à atteindre la proie située à plusieurs centimètres du cône.

Si l’appareil venimeux est le même pour tous les cônes, la composition du venin et la forme de la dent radulaire sont spécifiques à chaque espèce. Les dents radulaires des espèces de cônes vermivores sont généralement plus petites, plus droites et possèdent moins de barbillons que celles des cônes piscivores qui sont de véritables harpons.

Lorsqu’un plongeur ou un pêcheur ramasse un coquillage vivant, l’animal se rétracte dans sa coquille. Il tente ensuite de se défendre en déployant sa trompe et son harpon venimeux. Il peut ainsi attaquer le plongeur qui le tient à la main ou qui l’a enfoui dans son maillot de bain. La fléchette empoisonnée peut traverser les vêtements légers.

Les venins des cônes contiennent des protéines actives, les conotoxines. Certaines d’entre elles ont été analysées et leur séquence ADN identifiée en particulier chez les cônes piscivores et malacophages*. Plusieurs substances issues des conotoxines ont trouvé des applications thérapeutiques, par exemple comme traitement des douleurs chroniques sévères, anticonvulsivant, anti-ischémique cérébral.

Informations complémentaires

Les espèces du genre Conus sont appréciées des collectionneurs. Concernant Conus chaldaeus, les prix de vente sont bas, et l'espèce est largement distribuée et abondante pour répondre à cette demande.

Cette espèce, ne subissant pas de menaces particulières, est classée par l'UICN* dans la catégorie LC (pour Least Concern) ou préoccupation mineure.

Linné qui a décrit Conus ebraeus considérait les coquilles du futur C. chaldaeus comme des variantes de celles de C. ebraeus. Ce sont Röding en 1798 et Lamarck en 1810 qui ont séparé les deux espèces. Les répartitions géographiques sont semblables et ces deux espèces occupent, en gros, le même habitat. Cependant il y a de petites différences dans l’aspect des coquilles et C. ebraeus vit plus près du bord que C. chaldaeus. Les annélides polychètes consommées sont différentes (les 2 espèces consomment Palola siciliensis certes, mais C. ebraeus consomme beaucoup de Perinereis helleri (Grube, 1878) alors que C. chaldaeus consomme plutôt Platynereis dumerilii . Les petites différences morphologiques pour distinguer les deux espèces sont confirmées par l’écologie.

Origine des noms

Origine du nom français

Cône pour désigner une coquille en forme de cône.

Astrologue : les Chaldéens étaient réputés pour leur savoir en astronomie. Notamment, ils ont inventé le zodiaque.

Origine du nom scientifique

Conus : du latin [conus]= cône, allusion à la forme de la coquille. Nom de genre créé par Linné en 1758.

chaldaeus : du latin [chaldæus] = chaldéen, désignant les peuples de Chaldée et aussi le nom des prêtres astrologues de Babylone. La Chaldée désignait originairement le territoire compris entre Babylone et le nord du golfe Persique. Les dessins du cône pourraient ressembler à l’écriture syriaque utilisée par les chaldéens et justifier le choix de ce nom d'espèce. Röding, en 1798, n’explique pas l’origine de ce nom.

Il est à noter que les trois cônes du sous-genre Virroconus possèdent des noms d’espèces ayant trait à des peuples bibliques : Conus chaldaeus, les chaldéens, Conus ebraeus, les hébreux et Conus judaeus, les judéens. Toutefois ces cônes ont été décrits et nommés par trois personnes différentes et à des moments différents, respectivement Röding en 1798 (sous le nom de genre Cucullus), Linné en 1758 et Bergh en 1895.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 430457

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Neogastropoda Néogastéropodes Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea.
Famille Conidae Conidés

Coquille de taille moyenne à grande voire très grande, normalement 20-50mm jusqu'à 170 mm de haut, conique ou biconique avec une ouverture étroite et un canal siphonal court. Sculpture spirale habituellement développée, sculpture axiale absente ou sous la forme de tubercules sur l'épaulement. Sinus anal peu profond à modéré sous la suture. Opercule présent, petit à nucléus terminal. Bouchet & al.2011.

Genre Conus
Espèce chaldaeus

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