Conchoderma rayé

Conchoderma virgatum | (Spengler, 1789)

N° 2879

Cosmopolite des mers tempérées-froides à tropicales

Clé d'identification

Capitulum allongé et comprimé, dépourvu d'auricules
Cinq plaques très réduites (vestigiales), séparées et périphériques
Six larges bandes bleu nuit traversant pédoncule et capitulum
Pédoncule flexible et extensible, sans plaques
Espèce du grand large

Noms

Noms communs internationaux

Lepade striato (I)

Synonymes du nom scientifique actuel

Lepas virgata Spengler, 1790
Conchoderma virgata (Spengler, 1790) Darwin, 1851
Conchoderma hunteri (Owen, 1830)

Distribution géographique

Cosmopolite des mers tempérées-froides à tropicales

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ● Atlantique Nord-Ouest, ○ [Méditerranée française], ● Caraïbes, ● Indo-Pacifique, ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Cette espèce de haute mer, épipélagique*, est cosmopolite des mers chaudes, tempérées à tempérées froides. Elle est absente des hautes latitudes. Par exemple, en Atlantique Ouest où elle est bien connue, on l'observe du Canada à l'Uruguay.

Biotope

Conchoderma virgatum est fixé par son pédoncule sur tout type d'objet flottant comme les bouts de bois, les bouées d'amarrage ou de signalisation, les bidons en plastique qui servent à signaler la présence de casiers de pêche, ainsi que sur les pilotis et sur la coque des bateaux. On l'observe également sur de nombreux vertébrés ou invertébrés pélagiques au déplacement lent et proche de la surface comme des poissons [Mola mola (poisson lune), Diodon hystrix (poisson porc-épic), Tylosurus acus (aiguille voyeuse), Alutera schoepfi (poisson lime)...], des requins, des tortues marines (la sous-espèce Conchoderma virgatum chelonophilus [qui aime les tortues] affectionne la carapace des tortues comme Lepidochelys kempii), des crabes pélagiques (Portunus sayi dans la mer des Sargasses) et des baleines au niveau des plaques encroûtantes blanchâtres où se fixent d'autres épibiontes comme de grosses balanes coronulides.

Cet animal s'accroche aussi souvent sur d'autres épibiontes* comme les balanes ou les copépodes (Pennella spp.) fixés eux-mêmes sur des requins ou d'autres poissons, des baleines ou des tortues.
On ne trouve pas ce crustacé cirripède sur les rochers ou sur les infrastructures côtières. Il s'agit donc d'une espèce fixée qui mène une vie pélagique*. Il fréquente les eaux propres non terrigènes des grands larges qu'affectionnent ses hôtes.

Description

Conchoderma virgatum est un cirripède pédonculé dont le capitulum* allongé et comprimé est dépourvu d’auricules* (formations tubulaires faisant penser à des oreilles).
Six larges bandes, trois de chaque côté, bleu nuit à brun violacé, traversent le capitulum et le pédoncule* grisâtres.
Le pédoncule charnu n'arbore aucune plaque. Il peut être plus ou moins translucide près du point d'ancrage. Il est contractile et nettement plus long que le capitulum chez l'animal vivant lorsque celui-ci est détendu. La taille du capitulum ne dépasse pas 3,5 cm (1 à 2,5 cm pour la majorité des observations relevées dans la littérature pour des individus observés en Méditerranée, aux Caraïbes et au Brésil), celle du pédoncule détendu peut avoisiner les 10 cm. La taille moyenne des individus est aussi liée à la zone géographique fréquentée par leur hôte.

Le capitulum est formé d'une membrane chitineuse* renforcée par cinq très petites plaques (vestigiales) calcaires blanchâtres, légèrement translucides, périphériques et bien séparées les unes des autres. La carène* dorsale ou carina* est menue et arquée, la paire de plaques scrutales (ou scuta*, scutum au singulier) ventrales trilobées en forme de "T" et la paire de plaques tergales (ou terga*, tergum au singulier) terminales longues et fines. Scuta et terga sont positionnés à angle droit (voir dessins).

Par l'entrebâillement du capitulum et entre les deux plaques scutales s'extirpent 24 cirres* (il y a 12 paires d'appendices, 6 paires de chaque côté, chacun se dédoublant en deux cirres) de couleur noire, robustes et rétractables, qui filtrent l'eau environnante en quête de nourriture et d'oxygène.

Espèces ressemblantes

Il existe plusieurs centaines d'espèces de cirripèdes pédonculés. Un examen simple ne permet pas toujours de discerner ces espèces, une dissection peut être nécessaire pour valider une identification. Néanmoins certaines espèces plus caractéristiques sont identifiables, avec un faible risque d'erreur, sur photo ou en plongée :

- Parmi les cirripèdes à plaques vestigiales du même genre :

Conchoderma auritum : pédoncule cylindrique plus long que le capitulum qui présente deux auricules bien distinctes et dont la taille est d'environ 30 mm. Plaques calcifiées extrêmement réduites. Classiquement trouvé fixé sur les balanes Coronula sp. des baleines ;

Conchoderma hunteri : capitulum violet foncé, cinq plaques bien séparées, scutum trilobé en forme de "Y", attaché aux serpents marins, cordes, bouées, dans l'Indo-Pacifique. Conchoderma hunteri est considéré aujourd'hui comme synonyme de Conchoderma virgatum.

- Parmi les cirripèdes armés de grandes plaques :

Lepas anatifera : cinq plaques lisses ou très finement striées, pédoncule beaucoup plus long que le capitulum, vit attaché aux objets flottants ;

Lepas anserifera : capitulum plus petit que celui de Lepas anatifera et aux plaques striées radialement, bord occluseur du scutum arché et protubérant ;

Pollicipes pollicipes : le pouce-pied, qui lui peut vivre fixé aux rochers, possède davantage de plaques (jusqu'à 52), son pédoncule a de petites écailles, l'entrebâillement du capitulum est teinté de rouge ;
Scalpellum scalpellum : capitulum petit et composé de 14 plaques, pédoncule très court, jusqu'à 3,3 cm de long de l'extrémité du capitulum à celle du pédoncule, vit entre 10 et 500 m de profondeur fixé en épibiose* sur des gorgones comme Eunicella verrucosa et autres organismes sessiles* érigés.

Alimentation

Ces organismes se nourrissent de zooplancton* (petits crustacés, œufs, larves diverses) et de particules organiques en suspension qu'ils capturent au moyen de leurs cirres déployés.
En général les cirripèdes fixés sur des animaux profitent du courant d’eau créé par leur hôte et leurs cirres pendent passivement. Nous ne savons pas ce qu’il en est de C. virgatum.

Reproduction - Multiplication

C'est grâce à l'observation de leur cycle de reproduction, et notamment grâce à l'étude de leurs larves, que l'on a pu ranger les cirripèdes dans les crustacés.

Les cirripèdes pédonculés ou "anatifes" au sens large sont essentiellement hermaphrodites* et produisent les deux types de gamètes*. Mais certains pédonculés possèdent également des mâles nains complémentaires.

Au moment de la reproduction se développe un pénis qui permet à l'animal d'émettre son sperme. La fécondation est croisée et interne. Les œufs sont alors incubés dans la cavité du manteau. Au moment de l'éclosion ce sont des larves nauplii* qui sont émises.

Les nauplii mènent alors une vie pélagique, et se transforment après six stades naupliens en larves cypris* caractéristiques des crustacés cirripèdes, qui possèdent une carapace bivalve ainsi que des cirres. Certaines de ces larves finissent par se fixer à un substrat, grâce à un cément (une substance adhésive) sécrété par des glandes situées à la base de leurs antennes. C'est la partie du corps située juste derrière ces antennes qui va s'allonger et former un pédoncule.

Vie associée

Voir "Biotope".
Les cas de fixation de Conchoderma virgatum sur des copépodes ectoparasites* de vertébrés marins ne semblent pas rare (Dinemoura latifolia, Pandarus satyrus, Peussopus dentatus, Pennella spp., ...).
Les cirripèdes ne lèsent pas leur hôte. On parle en général de commensalisme*.

Divers biologie

Les représentants du genre Conchoderma, contrairement aux balanes et aux Lepas, ne semblent pas sensibles à la lumière.

Aux cirripèdes fixés, les cirres permettent également de respirer.

Origine des noms

Origine du nom français

Conchoderma rayé est une traduction partielle du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Conchoderma : du latin [concha] = coquillage et [derma] = peau, aspect d'un coquillage recouvert d'une peau.
virgata : mot latin = rayé, en rapport avec les dessins des téguments* de cette espèce.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 106147

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Crustacea Crustacés Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes.
Classe Maxillopoda Maxillopodes Absence d'appendices abdominaux. 6 segments thoraciques maximum, 4 segments abdominaux maximum. Carapace réduite.
Sous-classe Thecostraca Cirripedia Thécostracés Cirripèdes Les Cirripèdes sont des crustacés marins, présentant des stades larvaires (larve nauplius à cornes fronto-latérales ; larve cypris bivalve) et un stade adulte pendant lequel ils vivent soit fixés de façon permanente à un substrat, soit adpatés à la vie parasitaire. Leurs paires d'appendices thoraciques biramés sont nommées cirres.
Super ordre Thoracica Thoraciques

Cirripèdes fixés au stade adulte, ayant 6 paires d’appendices thoraciques biramés à l'origine de 24 cirres..

Ordre Lepadiformes (ex Pedunculata) Lépadiformes (ex Pédonculés)

Cirripèdes possédant un capitulum plus ou moins globuleux et un pédoncule par lequel ils sont fixés à un support.

Sous-ordre Lepadomorpha Lépadomorphes
Famille Lepadidae Lépadidés
Genre Conchoderma
Espèce virgatum

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