Tortue serpentine

Chelydra serpentina | (Linnaeus, 1758)

N° 2888

Amérique du Nord, Europe

Clé d'identification

Tortue massive de couleur vert olive, brune ou beige
3 carènes importantes
Tête grosse et large munie d'un bec crochu
Cou très long, menton conique et pointu
Longue queue surmontée de plaques osseuses en dents de scie

Noms

Autres noms communs français

Chelydre serpentine, tortue hargneuse, tortue happeuse, tortue vorace

Noms communs internationaux

Common snapping turtle (GB), Tartaruga azzannatrice (I), Tortuga mordedora (E), Schnappschildkröte (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Testudo serpentina Linnaeus, 1758

Distribution géographique

Amérique du Nord, Europe

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-Ouest

Elle est commune dans le sud du Québec (rivière des Outaouais, le long du Saint-Laurent), du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse.

Cette tortue se retrouve dans des cours d'eau européens notamment en France (en très petite quantité), en Suisse, en Belgique, en Espagne, en Italie. Ceci est le résultat des ventes massives et présente un grand danger pour la faune locale (et pour les humains).

Biotope

Essentiellement aquatique, elle fréquente les lacs, les rivières et les marais étendus avec une préférence pour les eaux stagnantes et les fonds vaseux à végétation aquatique dense. Elle hiberne dans la vase.

Description

La tortue serpentine est la plus grande tortue d'eau douce au Canada. C'est une tortue massive de couleur vert olive, brune ou beige. Sa dossière* brune ou grise est fortement dentelée au niveau des écailles marginales arrière. La carapace est marquée par 3 carènes importantes, formant des protubérances rugueuses sur chaque écaille. Sa tête, grosse et large, est munie d'un bec crochu. Elle a un cou très long, son menton conique et pointu est doté de deux petits barbillons clairs. Les mâchoires sont claires et striées de fines lignes noires. Les yeux sont petits et situés sur le haut de la tête. Le plastron cruciforme est jaunâtre ou beige, moucheté de noir, ce qui laisse exposés les membres et les flancs de l'animal. Ses pattes sont larges, elles sont munies de puissantes griffes. Ses pieds sont palmés. Sa queue est longue et surmontée de plaques osseuses en dents de scie.
On note la présence d'excroissances et de tubercules plus ou moins pointus sur le cou, les pattes et la queue, ce qui lui confère une allure de crocodile.
La dossière du mâle peut atteindre jusqu'à 55 cm, la moyenne se situe entre 20 cm et 36 cm. Son poids maximum est de 60 kg, la moyenne se situe entre 4,5 kg et 16 kg. Les mâles sont plus gros que les femelles.

Espèces ressemblantes

On distingue deux sous-espèces :
- Chelydra serpentina serpentina
du sud du Canada jusqu'au nord de la Floride : son corps est couvert d'aspérités et de pointes, sa tête est plus claire et sa mâchoire est striée de noir.
- Chelydra serpentina osceola
uniquement sur la péninsule de Floride : elle possède un cou plus musclé, sa dossière est légèrement plus rouge.

Alimentation

C'est un carnivore qui dévore tout ce qu'il peut avaler : insectes, crustacés, mollusques, poissons, amphibiens, couleuvres, canetons, rats musqués, jeunes tortues. Les proies sont happées par le dessous puis dévorées sous l'eau.

Reproduction - Multiplication

L'accouplement a lieu habituellement au printemps dans l'eau au hasard des rencontres. Les pontes (de 30 à 80 œufs) se déroulent de fin mai à début juin sur terre. Les œufs blancs de forme ronde ressemblent à des balles de ping pong.
Les éclosions surviennent entre août et octobre. Les nouveau-nés mesurent entre 2,5 et 3 cm. Leur sexe est étroitement lié à la température d'incubation (entre 29 et 31° C prédominance de femelles, entre 23 et 28° C prédominance de mâles). On note la présence d'un sac vitellin* durant les premiers jours.

Vie associée

La tortue serpentine est parasitée par les sangsues Placodbella parasitica.
Ses principaux prédateurs sont le coyote, la loutre de rivière et le raton laveur. Le vison d'Amérique, et certains oiseaux de proie s'attaquent aux juvéniles. Les œufs sont mangés par les ratons laveurs, les moufettes rayées et les renards. La tortue serpentine sait parfaitement se défendre face à ses potentiels agresseurs.

Divers biologie

Elle libère souvent un musc malodorant lorsqu'elle est manipulée.
Elle est active le matin et tôt le soir.
La plus grosse tortue serpentine officiellement trouvée au Québec avait une dossière de 43 cm de longueur.

Informations complémentaires

Elle devient particulièrement agressive si elle se sent menacée. Elle peut en effet projeter rapidement son bec crochu vers l'avant ou le haut et ainsi infliger de profondes morsures.

Les scutelles* de la jeune tortue serpentine portent des lignes de croissance concentriques qui correspondent approximativement aux années de croissance. Sa longévité est d'environ une quarantaine d'années.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Au cours de l'été, un grand nombre de tortues traversent les routes à la recherche de partenaires, de nourriture et de sites de nidification. Il s'agit d'une situation dangereuse pour les tortues, car elles sont trop lentes pour échapper aux véhicules. La tortue serpentine est une espèce préoccupante aux termes de la Loi sur les espèces en voie de disparition (2007) de l'Ontario. La tortue serpentine a également été désignée à l'échelle nationale comme une espèce classée préoccupante par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en 2008. Un lien a été établi entre la pollution des eaux et les taux élevés de moralité et de malformations chez les embryons. La chasse à la tortue serpentine est interdite au Manitoba et au Québec, mais elle est autorisée moyennant l'obtention d'un permis en Ontario et en Nouvelle-Écosse et sans permis en Saskatchewan.

Elle est chassée aux États-Unis pour sa chair et commercialisée sous le nom de "Green soup". En Floride, des champs sont clôturés avec sa carapace. La protection n'est pas bien perçue par le public, elle est en effet détestée pour son apparence et son agressivité.

Elle est théoriquement interdite à la détention en France.

Origine des noms

Origine du nom français

Tortue serpentine vient probablement de l'aspect de sa peau de serpent.
Tortue vorace ou happeuse est liée à son agressivité.

Origine du nom scientifique

Chelydra : du grec [chelôn-] = tortue et [hydr-] = hydre, serpent d'eau, donc tortue-serpent d'eau
serpentina : du latin [serpentinus] = à allure de serpent.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Reptilia Reptiles Groupe paraphylétique incluant les vertébrés tétrapodes "rampants" à la peau sèche et écailleuse : tortues, serpents, crocodiles et lézards.
Ordre Testudines Chéloniens Reptiles possédant une carapace dorsale, une carapace ventrale (plastron), et un bec corné. Ce sont les tortues.
Sous-ordre Cryptodira Cryptodires Le cou se rétracte à l’intérieur du corps, sous la carapace, dans un plan vertical, les vertèbres formant alors un S. Le bassin est libre.
Famille Chelydridae Chélydridés
Genre Chelydra
Espèce serpentina

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