Triton

Charonia lampas | (Linnaeus, 1758)

N° 556

Atlantique Nord-Est, Méditerranée occidentale

Clé d'identification

Le bord labial de l'ouverture porte douze tubercules brun foncé
Le bord collumellaire est lisse dans sa partie médiane
Deux rangées de gros tubercules arrondis sur le dernier tour
Le pied musculeux est rouge-orangé
Deux tentacules orange à deux cercles noirs
Peut atteindre 40 cm

Noms

Autres noms communs français

Grande conque, trompe des dieux

Noms communs internationaux

Triton's horn, trumpet shell (GB), Triton, buccina, caracola (E), Buzina, trombeta (P), Tritonshoorn (NL), Tritonshorn, kinkhorn, trompetenschnecke (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Charonia rubicunda Perry 1911
Tritonium opis Röding 1798
Murex gyrinoides Brocchi 1814
Triton nodiferum Lamarck 1822
Tritonium mediterraneum Risso 1826
Triton nodiferum var. glabra Weinkauff 1868
Triton gyrinoides de Gregorio 1884
Tritonium glabrum Locard 1886
Simpulum nodiferum Pallary 1900
Charonia mirabilis Parenzan 1970

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est, Méditerranée occidentale

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

En Atlantique Nord-Est, on le trouve en Irlande, en Bretagne, dans le Pas de Calais pour sa limite nord. Il reste rare dans le golfe de Gascogne, sur la côte Basque et les côtes asturiennes espagnoles. Son aire de distribution descend au-delà des côtes marocaines.
En Méditerranée, on peut le trouver sur les côtes rocheuses du bassin occidental, en Espagne et en Afrique du Nord.
Plusieurs sous-espèces ont été décrites : Charonia lampas pustulata, Euthyme 1889 en Afrique-du-Sud, Charonia lampas rubicunda, Perry 1811 en Australie, Charonia lampas sauliae, Reeve 1844.

Biotope

Le triton fréquente les fonds rocheux, éventuellement entrecoupés d'espaces sableux, jusqu'à 80 m environ.

Description

Le triton est le plus grand coquillage gastéropode de nos mers métropolitaines. Il peut atteindre jusqu'à 40 cm.
La coquille a une forme bi-conique ; la plus grande largeur mesure la moitié de la longueur totale. Le dernier tour de spire est très développé ; l'ouverture de la coquille, fermée par un opercule* corné grossièrement ovale, mesure la moitié de la longueur totale ; le canal siphonal* n'est pas très long, un dixième de la longueur seulement. Le bord labial* de l'ouverture porte douze tubercules brun foncé, formant comme des dents. Le bord collumellaire* porte deux ou trois stries blanches en relief à l'extrémité apicale*, est lisse dans sa partie médiane, et porte à nouveau cinq ou six autres stries blanches sur fond brun à l'extrémité siphonale. La columelle* est creuse, légèrement spiralée.
A l'extérieur, la coquille est souvent concrétionnée par des algues encroûtantes, sauf le dernier tour de spire qui est recouvert d'un périostracum* lisse et brun. Elle porte deux rangées de gros tubercules arrondis et de nombreuses stries organisées en spirale. La lèvre de l'ouverture forme un bourrelet bien marqué quand la poussée de croissance est terminée. Ces bourrelets se retrouvent sur les tours plus anciens, et marquent les poussées de croissance successives. Chacune fait 2/3 de tour. Ainsi les bourrelets ne sont pas alignés d'un tour sur l'autre, mais tous les deux tours. On peut compter jusqu'à neuf tours.
La couleur de la coquille, sous le périostracum, est marbrée de motifs bruns et blancs, s'appuyant sur les tubercules. La couleur générale est plus ou moins foncée selon les individus.
Le pied* musculeux puissant est rouge-orangé. Deux tentacules orange à deux cercles noirs portent à leur base les deux yeux de l'animal.

Espèces ressemblantes

Charonia tritonis, (Linnaeus 1758), dont on distingue deux sous-espèces :
Charonia tritonis tritonis (Linnaeus 1758) en Indo-Pacifique, et
Charonia tritonis variegata (Lamarck 1816) que l'on connaît aux Caraïbes et dans le Bassin oriental de la Méditerranée.
La forme générale est plus effilée.
Les dessins de l'extérieur de la coquille sont plus fins.
Plus de trente replis noirs et blancs occupent en continu tout le bord collumellaire de l'ouverture.
Le pied de l'animal est jaune.

Alimentation

Carnassier, grand prédateur, il se nourrit d'échinodermes (étoiles de mer et oursins) et peut-être de mollusques bivalves et de crustacés. Sa trompe sécrète des acides pour dissoudre la carapace calcaire de ses proies. Ses sucs digestifs, injectés dans sa victime liquéfient les tissus et il les aspire.

Reproduction - Multiplication

Les Charonia sont de sexes séparés avec fécondation interne ; les oeufs déposés par la femelle sont enfermés dans une sorte de cocon spongieux. Ils sont donc ovipares*.

Vie associée

La prédation des Charonia sur les oursins et surtout les étoiles de mer joue un grand rôle dans le contrôle de leurs populations.

Informations complémentaires

Ce beau coquillage est devenu de plus en plus rare dans les zones fréquentées par les plongeurs et pêcheurs sous-marins. Rares sont les plongeurs qui en voient actuellement sous l'eau, alors que l'on en voit souvent sur les étagères et dans les vitrines où nous exposons nos trophées et souvenirs de jeunesse.

Les pêcheurs professionnels du golfe de Gascogne (Hossegor) en remontent encore dans leurs casiers ou leurs filets de temps en temps.

Ces gros coquillages peuvent être utilisés comme trompette après avoir coupé et poli la pointe (apex*) pour souffler dedans.
Il ne semble pas que se soit Charonia lampas, mais plutôt C. tritonis qui soit représenté sur les peintures et mosaïques antiques montrant Triton soufflant dans une conque. Cette tradition est grecque, et C. tritonis variegata se trouve en Méditerranée orientale.
Le nom maori de C. tritonis est « pou-ou », onomatopée significative du son rendu par ce coquillage utilisé comme trompe.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Cette espèce est protégée ou soumise à réglementation au niveau international :
Protocole relatif aux aires protégées et à la diversité biologique en Méditerranée
(Convention de Barcelone) : Annexe II

Origine des noms

Origine du nom français

Conque, du latin [concha] = coquillage, mais aussi trompe marine.
Triton, fils de Poséidon le dieu de la mer, était souvent représenté avec une conque dans laquelle il soufflait comme dans une trompe pour apaiser la mer déchaînée.

Origine du nom scientifique

Charonia, en référence à Charon, le nautonier des enfers.
lampas, mot grec signifiant lampe, flambeau.
rubicunda, en latin : rouge, en référence à la couleur du pied.
nodiferum, en latin : qui porte des nœuds, des bosses, en référence aux tubercules de la coquille.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 141101

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Littorinimorpha Littorinimorphes
Famille Charoniidae Charoniidés
Genre Charonia
Espèce lampas

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