Sangsue des raies

Branchellion torpedinis | Savigny, 1822

N° 2672

Atlantique Nord-Est et Est, Manche, Méditerranée

Clé d'identification

Grosse sangsue (4-5 cm) parasite des raies et des requins
Corps large, brun à noir
Branchies ondulantes sur les bords
Grosse ventouse de fixation à l'arrière du corps
A l’opposé un cou long et fin terminé par une petite ventouse orale

Noms

Noms communs internationaux

Leech (GB), Sanguisuga delle torpedini (I), Sanguijuelas (E), Blutegel (D)

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est et Est, Manche, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

La sangsue des raies Branchellion torpedinis se rencontre en Méditerranée, en Manche et en Atlantique Est de l’Angleterre jusqu’à Afrique de l’Ouest.

Biotope

La sangsue des raies vit fixée, solitaire ou groupée, sur la peau des requins ou des raies et c'est, principalement pour le plongeur sous-marin, sur la raie-torpille marbrée (Torpedo marmorata) qu'elle sera observée.

Description

Branchellion torpedinis est une sangsue marine qui appartient au groupe des vers segmentés (ou Annélides) dépourvus de soies, les Achètes ou Hirudinées.
Il s'agit d'une sangsue brune à noire mesurant habituellement 3 à 5 cm de long, exceptionnellement plus, jusqu'à 10 cm. Son corps allongé et annelé montre un ventre aplati. Ce corps, pourvu de deux ventouses, une à l'avant et une à l'arrière, est divisé en 2 parties bien distinctes :

  • En avant de l’abdomen un cou long et fin se termine par une petite ventouse buccale. Cette ventouse orale lui sert à sucer le sang de son hôte. Cette partie antérieure effilée comporte aussi 6 très petits yeux très discrets, non visibles sur photo.
  • Une partie principale postérieure plus large, l’abdomen, qui est bordé de 33 à 35 paires de branchies, sorte de cornet plissé formant un froufrou ondulé de chaque côté du corps et se terminant postérieurement par une large ventouse qui permet à la sangsue de s’accrocher sur la raie ou le requin parasité.

Espèces ressemblantes

Branchellion borealis Leigh-Sarpe, 1933, sangsue de forme semblable à B. torpedinis avec des branchies foliacées au nombre de 31 paires, avec une ventouse antérieure (orale) mesurant les deux-tiers de la ventouse postérieure. La taille de cette sangsue est plus petite (jusqu'à 30 mm). Elle vit également sur des raies (Rajidés) en Atlantique Nord-Est, autour de l'Angleterre essentiellement.

Pontobdella muricata (Linnaeus, 1758), présente en Europe, parasite également des raies. Cette sangsue fait partie, avec Branchellion torpedinis, des plus grandes espèces marines d'ectoparasites*, elle peut atteindre 20 cm de longueur. Elle se distingue de Branchellion torpedinis par sa peau marquée de saillies verruqueuses et ses branchies non visibles.

Alimentation

Branchellion torpedinis fait partie des Hirudinées (sangsues) strictement hémophages* des vertébrés. Sa bouche munie de dents cornées se fixe sur l’hôte, perfore les tissus et suce le sang. Elle peut rester 2 à 3 ans sans nourriture. Les 3 rangées de dents ont une forme semi-lenticulaire et se déplacent en va-et-vient par un mouvement de scie. C’est de cette façon qu’elle tranche la peau de ses victimes.

Reproduction - Multiplication

La sangsue est hermaphrodite* (chaque individu possède 2 appareils reproducteurs complets, un mâle et l’autre femelle). Le sang de son hôte est vital pour la reproduction. Les œufs sont fécondés à l’intérieur du corps avant la ponte. La sangsue des raies colle les œufs à son ventre et protège les embryons avec son corps. Il n’y a pas de stade larvaire (absence de larve* trochophore*), les jeunes à l’éclosion ressemblent aux adultes.

Vie associée

Le lieu de vie de cet ectoparasite* de vertébrés est la peau de son hôte, ou plutôt de sa victime, raie ou requin au gré de ces déplacements. La raie-torpille marbrée (Torpedo marmorata) représente l'hôte le plus connu.

Divers biologie

Les sangsues, animaux majoritairement dulcicoles* et terrestres, sont représentées par un petit nombre d'espèces en mer. Ce sont des vers segmentés, comme les polychètes, mais dépourvus de soies.

Notons que les documents de référence divergent sur le nombre exact de paires de branchies foliacées de Branchellion torpedinis, 35 pour les références françaises et 33 pour les références anglaises.

La sangsue respire par la peau et possède 2 cœurs mais pas de cerveau centralisé. Sa durée de vie peut atteindre 27 ans. Sa tête, terminée par une petite ventouse, est aussi un organe de locomotion, cette caractéristique est unique dans le règne animal !

Pour certains auteurs les appendices foliacés ne seraient pas des branchies mais serviraient simplement à la reptation sur le corps des poissons, ou à faciliter les mouvements dans l'eau.

Les ventouses :
Ces organes caractéristiques des sangsues sont quasiment toujours au nombre de deux.
Chez les Piscicolidés (parasites des poissons) la ventouse antérieure s'ouvre dans la bouche et se confond ainsi avec la cavité buccale. Sa conformation lui permet d'exercer une succion à la surface de la peau de son hôte. Chez les sangsues hémophages*, la bouche cachée par la ventouse est munie de trois mâchoires en forme d'étoile à trois branches.
Inclinée ventralement, la ventouse postérieure montre toujours une forme discoïde et le plus souvent un diamètre supérieur à la largeur du corps chez les Piscicolidés. Dans le genre Branchellion, cette ventouse postérieure porte de nombreuses petites ventouses secondaires nettement pédonculées.

Origine des noms

Origine du nom français

Sangsue des raies provient du fait que cette espèce est majoritairement observée sur la raie-torpille marbrée.
Le nom de sangsue vient du latin [sanguis] = sang et [sugo] = sucer.

Origine du nom scientifique

Branchellion : cette création de Jules-César Savigny (1777-1851) est une contraction de branchiobdellion de Karl A. Rudolphi (1771-1832) avec branchiobdelle du grec [branchio] = branchies et [bdellium] ou [bdedella] = palmier. Donc branchie à l'apparence de palme.

torpedinis : du latin [torpedo] = nom des raies-torpilles et qui signifie "torpeur, engourdissement" en raison de l'état dans lequel se trouve celui qui reçoit sa décharge électrique.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 116953

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Annelida Annélides

Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites.

Classe Clitellata Clitellates Annélides hermaphrodites, dont quelques segments sont enveloppés dans une enveloppe glandulaire.
Sous-classe Hirudinea Hirudinées / Achètes Annélides aquatiques, principalement d'eau douce, sans soies ni parapodes, mais possédant une ventouse postérieure et parfois une antérieure. Ectoparasites d'animaux aquatiques et de vertébrés terrestres.
Ordre Rhynchobdellida Rhynchobdelliformes

Sangsues sans mâchoires, à trompe dévaginable, marines ou d'eau douce. Appareil circulatoire différencié. Toutes sont aquatiques.

Famille Piscicolidae Piscicolidés

(syn. : Ichthyobdellidae) Corps cylindrique. Ventouse antérieure bien visible en forme de cloche. Habitats marins, parasites de poissons.

Genre Branchellion
Espèce torpedinis

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